Poème de Rodrigue Hounsounou (1986-) – Partenaire d’AFROpoésie – BÉNIN
Assis ce soir là,
Sur ce banc las;
Dans ce long tunnel où clignotaient
Les lumières de la vie sur terre.
Mes mains ancrées
Dans mes jambes, ma tête baissée
Et le regard emporté par le vide;
J’attendais le cri de mon cid,
Mon gosse. Oui, j’allais être père.
Et à chaque instant que s’égrenaient presto
Les minutes de cette horloge de l’hosto,
Ma joie n’avait plus de repère.
C’est un ange sur terre;
Un nouvel ange sur terre
Comme une flèche dans la main
D’un guerrier affûté;
J’avais l’arme fatale pour égayer
Ma vie; un long feu éteint.
Des projets se dessinaient
Dans ma tête comme un festin.
Je planifiais déjà l’avenir militaire
De mon gamin.
Le temps était venu
Où mon enfant était devenu
Presqu’un homme.
Oui, presqu’un homme
C’est un ange sur terre;
Un nouvel ange sur terre
Une nuit comme toutes les nuits,
Rentrant chez moi tout épuisé
Par la journée.
Mais pensant au sourire inouï
De mon enfant qui allait m’accueillir.
Je vis mon père, ma mère, mes amis
Assis devant ma porte endeuillée ;
Ma femme des larmes aux yeux.
Alors, j’ai compris
Mon enfant venait de rejoindre
Les cieux. Et ma vie
Allait basculé dans l’ombre.
C’est un ange dans le ciel
Un ange de plus dans le ciel
C’est un ange dans le ciel
Un ange de trop dans le ciel
Sa mère m’a dit toute embrouillée
Que ce qu’il préférait avant tout;
C’était de monter son poney
Artificiel. Et d’aller se balader partout.
Il adorait faire de l’équitation.
Mon petit va manquer à ce cheval.
Il adorait l’action.
Mon garçon ne sera pas maréchal.
C’est un ange dans le ciel
Un ange de plus dans le ciel
C’est un ange dans le ciel
Un ange de trop dans le ciel
On m’a souvent dit de façon froide
Que la vie est faite de grandes
Surprises. Il a fallu qu’elle achève
Mon âme pour que tous mes rêves
Se brisent. Sa mère et moi,
Ensemble, nous avons souffert
Pour que cet ange pousse sans émoi
Son premier cri dans cet univers.
Mon enfant, si je savais que la mort
T’arracherait à nous le lendemain,
J’aurais profité de nos aurores
Lorsque ta mère dans ses mains
Te dorlotait pour te dire
Nos adieux.
Oui, adieu ma lyre !
Ta mère te dit adieu.
C’est un ange dans le ciel
Un ange de plus dans le ciel
C’est un ange dans le ciel
Un ange de trop dans le ciel
Si je l’avais su,
Je ne serais jamais devenu père
Aujourd’hui, j’ai l’âme décousue
Et le cœur rempli de colère.
Magnifique. Sublime. Douloureux. Un poème intense qui m’a complètement chamboulé. J’ai failli pleurer en le parcourant, et surtout, en découvrant le refrain. Bravo
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