En attendant le printemps

Poème d’Idir Tas (1960-) – Partenaire d’AFROpoésie – ALGÉRIE (Kabylie)

Hirondelle des Mascareignes – Richard Bowdler Sharpe (1894)

Elles sont partout,

au-dessus des toits,

près de la fontaine,

élancées frénétiquement en des escadrilles de joie,

s’appelant et se répondant par de petits cris aigus.

Tout en trissant,

elles composent dans le ciel adouci par le soleil déclinant

des menuets harmonieux,

fondent en troupes légères vers le sol,

se plaisent à changer de destination

avec un éclat de défi dans la voix.

Ahmed regarde ces petites fées espiègles,

bercé par le bruit très doux de leurs ailes

taillées comme des arcs pointus,

dissolvant l’air dans leur fuselage.

Tantôt elles le précèdent dans sa promenade,

tantôt les hirondelles le suivent.

Et dans cette floraison brune aux éclats de feu,

ce sont ses journées qu’il voit dessinées

par ces actrices insouciantes.

Subitement Ahmed se met à chanter

cette berceuse qu’il a inventée

la nuit où Djédjiga et lui

ont dormi à la belle étoile.

Ô ma colombe

Ô ma chérie

Est-ce que tu voudras

que je nage

encore dans ta pureté

Ô mon amour

est-ce que là-haut

le ciel est assez grand

pour deux

Si tu m’ouvres cette nacelle

nous fendrons la neige ensemble

et toute extase pourra recommencer

In Les genêts sont en fleurs, éditions Gaspard Nocturne

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