Poème de Claude Dussert (1947-) – Partenaire d’AFROpoésie – FRANCE

L’ombre projetée au mur alerte les passants
dans ses yeux percés d’éclairs de solitude
les paupières clignotent en battements d’urgence.
Les bras sont repliés à l’arrière du corps
psalmodiant des prières à l’envers ;
Les pieds sont liés à un mat d’épouvante
que même les busards ne s’en approchent pas.
Hier, elle écrivait sur ce mur de la honte :
« Ne baissez pas les yeux, regardez crânement
les bourreaux patentés d’un régime qui craint
de voir fleurir des roses sur les gouttes de sang. »
Moi je meurs en silence, ils m’ont coupé la langue
Je meurs pour mon pays dont la terre m’appartient
Je meurs pour vous sauver de vos morts programmées
Je meurs aujourd’hui pour écrire notre histoire.
Que ces lettres de sang pénètrent vos mémoires
Je meurs pour vous parler d’amour, non de renoncements
Je meurs pour vous dire : »Aimez-vous tendrement » ;
Mon ombre s’est affaissée et puis s’est imprimée
sur le mur d’en face
libérée à jamais
14 Décembre 2024