Fatou Yelly Faye (1957-) – Partenaire d’AFROpoésie – SÉNÉGAL
Ce matin
.
Ce matin depuis cinq heures
Il pleut
Une de ces pluies fines
Gouttelettes perlées
Il pleut des larmes d’adieu
Il pleut des larmes de douceur
Avec cette discrétion
Qui te caractérise
C’est une pluie calme
Sereine discrète
Douce
Digne
En fines lames
Qui t’accompagne
Cousin
Oui
Je t’avais donné rendez-vous
En ce jour d’Achoura Tamkharit
Et tu as osé me faire cette dernière blague
Pas du tout à mon goût
Je te disais
Qu’après avoir digéré ton mouton de Tabaski
Je n’aurai de tes nouvelles
Qu’à la fête d’Achoura
Mais j’étais loin de m’imaginer
Que pour ce dernier rendez-vous
Tu me jouerais ce pied de nez.
.
Mon cousin
Je te revois encore
Avec ton ordinateur
Que j’avais surnommé ta chérie
Parce qu’il ne te quittait jamais
Ce jour-là à Saint –Louis
Je me rappelle de nos
Dernières boutades
Quand on annonçait
Djibrill Hamet LY, Mauritanie
Tu le voyais s’avancer
Avec sa démarche de prince haratine
Fier d’être ce berger haalpulaar
Drapé de son boubou blanc trois pièces
Il s’avançait
Lentement
Majestueusement
Avec toute la Mauritanie derrière
Les chameaux
Les dromadaires
Les tabalas
Les chèvres
Les moutons
Tout en couleur
Il s’avançait lentement
Relevait les pans de son boubou
Et c’était parti
Pour « L’insolite »
Mon poème préféré.
Cousin
Je t’avais donné rendez-vous en décembre 2015
Pour déclamer « L’insolite »
Quand je me suis penché sur ton poème
J’ai tout de suite compris pourquoi
Il te suffisait de le lire simplement
Il est des poèmes
Dont on ne mémorise que l’essentiel
Oui
« L’insolite c’est le fort de Oualata
Et les murs tomberont.»
.
Cousin
En 2011
Ici à Saint-Louis
Dans une école que nous venions de visiter
Une petite fille du CM
Que je cherche depuis tout ce temps
Dont je ne me souviens
Ni du nom
Ni de l’âge
Nous lisais son poème
A la fin elle disait
« Si tu veux me quitter fais-le sous la pluie
Pour ne pas voir mes larmes couler »
Au sortir de la classe
Tu m’as souligné
La profondeur de cette phrase venant d’une si jeune personne.
.
Sous cette pluie Djibril Hamet
Je t’écris ce dernier poème
Tu le liras sans nul doute
Avec ton sourire taquin
D’un gamou à sa cousine.
.
Et
Le miracle s’est produit
A la fin de cet hommage
Saint-Louis
Ce 17 Décembre 2016
Une jeune fille est venue vers moi
« Bonjour tata
Vous ne me reconnaissez pas
C’est moi la fille du poème cité »
Maintenant
Je peux le finir cet hommage
Qui nous a ramené Mame Diarra DIOP
Je sais que tu me l’as retrouvée
Sacré cousin
De l’au-delà
Tu ne cesses de me surprendre.
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Dakar, 08h12
23 octobre 2015
Merci Fatou,c’est poignant.
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Merci pour ce poème, j’ai eu la chance aussi de rencontrer Djibril et d’écouter sa poésie. Djibril n’est pas parti.
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