Khadim Mbodj (1987-) – Partenaire d’AFROpoésie – SÉNÉGAL

Le nègre pendait à une corde
C’était au temps où les hommes
noirs
ne valaient pas leur pesant d’homme
Un nègre pendait à une corde
six jours durant
au bout d’une corde
Après la curée des hommes
celle des bêtes
Pour une vétille
Un homme mourait
Une femme passa
belle comme les dents d’un nègre joyeux
belle à croquer
Mais un chien ne mord pas une pomme
Gare au chien qui en voudra à la pomme
Le nègre pendait à une corde
loin des hommes
loin des yeux des hommes du cœur des hommes
En ce temps-là les hommes avaient-ils même un cœur
ou poussait-il ailleurs qu’à la Gauche des hommes
Sac d’os
devenu
outre pleine de vers
pendait comme un astre
seul dans la nuit
ET
Seul un astre veillait
sur ce qui restait d’un homme
Après la curée des hommes
Un nègre qui pendait à une corde
(C’était un temps pas si lointain
Mon pays venait de naître
et il en a à peine 50 et des
poussières et des myriades de poussières
d’années)
Pour une broutille
Un homme
comme un épi de maïs
pourrissait au soleil.
Au septième jour le Bon Dieu en eu marre
et coupa la corde
Et sous l’arbre depuis
dort un nègre
Depuis
L’arbre est toujours là
et on dit que les hommes ont changé
Qui oserait en douter!
A un poète
Je n’avais jamais encore vu un arbre pleurer,
Larmes grises du masque fait homme
Cuirasse brandie défiant le destin !
Résistance !
De toutes ses forces opposées,
Enterrement vif en eaux troubles ?
Émergence téméraire d’une nappe maléfique ?
Silence de la fin et du commencement
Quelle heure vas-tu sonner
Poème ?
Y aura-t-il une aube dans ton crépuscule ?
Le jour ne se lève plus !
La nuit ne tombe plus !
Je suis ceinturé d’apnée !
Je m’en vais te lire,
depuis ces impressions
imaginaires venues,
en exergue,
lester
ma gorge
serrée,
à la
pointe du
premier
mot
À suivre
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» L’arbre est toujours là »…
Irradié !
Racines plongeant dans l’Humus sacrificiel des destins particuliers, tragiques
Dont les poètes, éternels Écho
Témoignent.
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» L’arbre est toujours là »…
Irradié !
Racines plongeant dans l’Humus sacrificiel des destins particuliers,
Tragiques
Dont les poètes, éternels Écho
Témoignent.
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« L’arbre est toujours là », jusqu’à voir ce que le poète Édouard Glissant appelle « l’intraitable beauté du monde »… Vous dédiez votre poème « A un poète » que j’aimerais être E. Glissant, qui a proposé à notre monde contemporain une réflexion originale entre poétique et politique dont nous ne pouvons faire l’économie, au-delà de l’élection de Barack OBAMA…
Qu’en pensez-vous, Khadim ?
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