Dès mon plus jeune âge, j’ai été happé par la poésie. C’est en effet sur les bancs de l’école que je me suis initié à la prose, à travers les grands classiques français. A l’heure où les enfants de mon âge lisaient les bandes dessinées (tels que Rahan le fils de la jungle ou Dr Justice, Pif et Hercule) etc. moi je lisais Les fables de La Fontaine et les poèmes de Victor Hugo qui étaient mes compagnons de solitude ; parfois même sans rien comprendre.
Mon statut de fils unique a provoqué une sorte de souffrance quasi congénitale à l’origine d’un enfermement protecteur familial, qui spontanément a suscité cette envie de lecture et le plaisir de jouer avec les mots, faute de pouvoir jouer avec les enfants de mon âge.
Cette passion précoce pour la littérature s’est révélée en moi avant tout comme un refuge. Un besoin existentiel, presque vital, pour ne pas sombrer dans l’univers clos que m’avait construit ma regrettée mère (paix à son âme).
Né le 15 Septembre 1968 à Moroni aux Comores, j’ai été donc élevé par ma mère, une épicière. Mon père, un ancien chef de canton sous la colonisation, ayant disparu à mes trois ans.
Ma relation avec la poésie remonte donc à ma tendre enfance. Elle est venue à moi comme une « Maîtresse », à la fois une confidente et une protectrice, cherchant à combler un certain vide, à chasser l’ennuie et à nourrir mes errances, à titiller ma créativité et à m’épanouir.
Aux côtés de ma passion ludique pour la calligraphie, les calligrammes et la photographie, l’écriture est devenue une sorte de remède contre ma timidité, c’est une manière pour moi d’exprimer mon univers et de parler aux autres.
En classe de cours préparatoire deuxième année du primaire (CP2), j’ai eu un enseignant formidable en la personne de feu Monsieur Kaki (qu’il repose en paix), qui nous a initié à la récitation et à l’art de jouer les textes. Ce dernier nous a initié à mimer la musique des mots et la rythmique des vers, qui allaient peu à peu forger mon inspiration pour le genre poétique. Ce qui en soit a contribué à mon épanouissement poétique.
Telle une illumination, les mots qui me servaient à tuer le temps, se sont révélés être le souffle qui allait me projeter par-dessus les remparts de la prison familiale. La disparition d’un ami guide, alors que nous étions des jeunes scouts du groupe Karthala, me donna la force d’aller au-devant du public pour dire ma douleur dans « Ismael le peuple te pleure ».
De cette communion, les mots qui s’accumulaient sur les cahiers de l’écolier ont servi d’exutoire pour parler à l’autre monde dont mon enfance m’avait interdit l’accès.
Au dire de journal Kashkazi (n°26 du 02/02/06) dans un article intitulé « De l’homme de loi à l’homme de Lettres », je demeure « le plus énigmatique des poètes comoriens » selon Kamal Eddine Saindou. C’est que de l’étudiant en agri-élevage sortant du Lycée Agricole de Luçon Pétré au Gendarme retraité, j’ai toujours porté comme un talisman les vers de la poésie attachés autour de mon coup. Ce que d’ailleurs m’a toujours reproché une certaine hiérarchie militaire, ne comprenant pas comment peut-on être un tendre dans une profession de rigueur et de discipline militaire, et c’est comme cela que l’on m’a toujours surnommé « le poète-gendarme ».
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