Poème de Mabard Abdias (1995-) – Partenaire d’AFROpoésie – CAMEROUN
Illustration de l'ouvrage Comment j'ai retrouvé Livingstone, Paris, Hachette, 1876

Ceux qui étaient venus
Avec des missionnaires devant le bateau
Et les soldats derrière
Ceux qui étaient venus
Avec la « civilisation » dans la bouche
Et la barbarie dans le cœur
Ceux qui étaient venus
Faire du tourisme, du safari
En enlevant des hommes pour des expositions
Ceux qui étaient venus
Changer des mentalités
En tuant les illuminés
Ceux qui étaient venus
Construire des écoles pour connaître
Les autres peuples et les exploiter
Ceux qui étaient venus
Construire des églises
Pour endormir les consciences
Ceux qui étaient venus
Construire des routes
Pour mieux transporter les minerais
Ceux qui étaient venus
Construire des hôpitaux
Pour sauver leurs complices traîtres
JE VOUS SALUE
Ceux qui chantent la démocratie
En choisissant les leaders
Des autres peuples
Ceux qui chantent la paix
En bombardant
D’autres peuples
Ceux qui chantent l’égalité
En se taisant sur les injustices
Des autres peuples
Ceux qui chantent l’humanisme
En laissant la mer engloutir
Les autres peuples
Ceux qui chantent le développement
En corrompant l’esprit
Des autres peuples
Ceux qui chantent l’aide humanitaire
En confisquant les fonds
Des autres peuples
Ceux qui chantent la libre pensée
En imposant leurs mœurs
À d’autres peuples
Ceux qui chantent la différence
En diabolisant la différence
Des autres peuples
Ceux qui chantent la générosité
En envahissant de vieilleries
D’autres peuples
Ceux qui chantent la loi
En la détournant pour dominer
D’autres peuples
Ceux qui chantent la liberté
En torturant sans pitié
Les autres peuples
Ceux qui promeuvent la culture
En confisquant l’histoire
Des autres peuples
Ceux qui promeuvent l’éducation
Et par des bourses enlèvent les intellectuels
Des autres peuples
Ceux qui règlent des conflits
En fournissant des armes aux rebelles
Pour tuer leurs peuples
Ceux qui disent « gagnant-gagnant »
En imposant des conditions
À d’autres peuples
Ceux qui luttent contre les maladies
En créant des virus pour exterminer
D’autres peuples
JE ME PROSTERNE DEVANT VOUS
Qu’ils sont beaux, ces mots
Quand vous les remuez dans vos bouches
Démocratie, paix, égalité, humanisme,
Éducation, développement, culture, liberté,
Libre pensée, générosité, loi, gagnant-gagnant
Et vos esprits leurs sourient
Oh ! Qu’ils sont vides de sens
Quand nous voyons leur contenu
Pour nous et pour vous,
Ils ne sauront être le même
Que des gros mots excitant des maux
À ton profit, cher bourreau
Oui nous sommes des barbares !
Oui nous sommes des sauvages !
Oui nous sommes des sous-hommes !
Oui nous sommes des marionnettes !
Mais le barbare ne sait qu’une chose :
LA BARBARIE
Mais le sauvage ne sait qu’une chose :
LA SAUVAGERIE
Mais la marionnette ne sait qu’une chose :
L’INSTINCT DE SURVIE À TOUT PRIX
Mais le sous-homme ne sait qu’une chose :
LA RÉVOLTE POUR SA LIBERTÉ
Oh ! M. le Moralisateur, Créateur et Défenseur des droits
Ne me moralise pas, ne m’enseigne pas des doctrines,
Des concepts, des stratégies vides de sens et d’essence
La violence de l’opprimé sur l’oppresseur
S’appelle la légitime défense et non une offense
Mieux vaut être barbare et se battre
Légitimement pour sa souveraineté
Que d’être traître en corrompant sa conscience
Nul ne peut tenir éternellement un peuple captif
Le jour où ce peuple saura de quoi il est capable,
Rien ne saura plus l’arrêter ni même la mort
Car il est déjà mort depuis des lustres, ce peuple
Aucune aspiration du peuple n’est illégitime
Et ce peuple n’aura pour dirigeant
Que sa conscience et sa souveraineté.
Cameroun, 07 mars 2019
Mabard Abdias est un poète da la jeunne Afrique qui s’inscrit bien évidemment dans cet élant de jeun. on entend Jeune Afrique écrivain celui la qui a choisi d’une manière ou d’une autre de transgresser l’écriture ancienne des anciens auteur ou pour mieux dire des écrivains de la première et second génération donc la lutte était de défendre leur cause ainsi que la cause de leur entourage. ces écrivains des époques ancienne non aucunement pas idée de ce que l’on parle du néocolonialisme intellectuel ou même du néocolonialisme culturel moins encore du néocolonialisme économique. Mabard est donc l’un des poètes qui a vu, l’allure de tous ces aspect et qui continue à voir les difficultés des relations non réciproques. il faudra donc pour lui de redéfinir cette relation et de laisser libre choix aux nations de faire ce qu’il veulent. il faudra ainsi épouser une « philosophie de la relation » pour reprendre Édouard Glissant. on peut estimer la une conquête de changement en échange avec l’autre qui aboutira au « TOUT-MONDE » .
c’est aussi une façon d’étudier « l’inconscient collectif » à travers ses poèmes se dessine un ensemble de penser de tout écrivain africain on ressent cette présence de la « conscience de soi »
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