Poème de Rodrigue Hounsounou (1986-) – Partenaire d’AFROpoésie – BÉNIN
Aïe ! Quand j’ai vu ce pagne en vente,
C’est comme une marée déferlante,
Un tsunami qui ravive les vieux démons.
Des interrogations cascadent sans nom
Dans ma boîte crânienne sombre d’abîme
Et la frénésie s’est emparée de mon esprit.
Vous me direz peut-être que j’ai l’esprit
Restreint. Et que je souffre du narcissisme.
Gbédôkpô ! Voilà ce que mon âme a crié
Quand j’entends qu’elle prend
Une couleur communale pour l’éternité.
Je crains que dans deux ans,
On ne fêtera plus Gbédôkpô Agamé-Koudo.
La fête de pâque est politisée aux échos
Jusque dans les ménages et dans les cuisines
Où les foyers ardents d’autrefois bourdonnent
Resterons désormais sans feu.
Quand Progressistes et Républicains dans ce jeu
Tirent chacun le drap de leur côté,
Ce sont les pauvres villageois non côtés
Comme nous qui nous retrouverons coi,
Sans couverture et sans joie.
Et la fête partira en vrille.
Tu verras encore et encore la roue vile
De Gbédôkpô tournée dans le sens
Du désordre orchestré: c’est la cadence.
Où descendrez-vous mes chers étudiants?
De vos bus qui attirent la curiosité, les chants
Et l’engagement du travail chez les élèves ;
Il ne restera plus rien de ce rêve
Quand l’honorabilité prendra le dessus
Sur l’asociabilité; nous serons tous déçus.
Malheur à qui déchire la joie
Des pauvres paysans, artisans
Et revendeurs regroupés ce court instant
Pour partager ce peu de joie.
Malheur à qui se sert de cet événement
De retrouvailles des frères et sœurs aimants
Pour préparer des joutes électorales aux airs
Monocolores. Derrière ce désir volontaire
De bien faire, se cache une raison liée
A l’intérêt personnel : la politique voilée.
Ne m’en voulez pas.
De la politique, je n’en fais pas.
Mais je vous fais part simplement
De ma part de vérité; amèrement.
Où irons nos mères, nos sœurs et nos femmes
Que l’euphorie de ces moments de diadèmes
Rend éblouissantes et joviales dans leurs
Pagnes ou dans leurs maillots pleins de splendeurs
S’essayant au football épique?
Où joueront nos groupes folkloriques
De Zangbétô, de Gota, de Massê…
Qui apportent une touche culturelle
Rehaussant l’événement de cet aspect
Délaissé de nos politiques et intellectuels?
Que feront nos pères et nos enfants adorés
Que ce jour enchante et sort
De leurs terriers jamais calculés
Des politiques qui se moquent de leurs sorts?
De vos démonstrations de billets,
On n’en veut pas !
Des villageois désœuvrés mais roublards,
Gbédôkpô devra habiller.
De vos étalages de véhicules fortunés,
On n’en veut pas !
Des étudiants crève-la-faim et clochards,
Gbédôkpô devra nourrir et loger.
De vos égo et de vos orgueils,
On n’en veut pas !
Des infrastructures décrépites et en sommeil,
Gbédôkpô devra reconstruire tels des remparts.
Revenons à la réalité !
Revenons aux fondamentaux !
Et réfléchissons un peu plutôt
Pour ne pas penser plus tard aux ratés.
Catégories :Non classé
Jolie découverte que ce poème!
J'aimeAimé par 1 personne