Poème d’Ali Azaykou (1942-2004) – MAROC
Si la boue du mot que tu cherches
l’appelle
dis-lui que la mousse
T’a recouvert
Je ne peux pas partir
et laisser le fleuve arracher la mousse
la condamnant à errer sans retour
et chaque fois qu’elle rencontre la vie
à s’y accrocher désespérément
Le fleuve emporte tout le monde
et chacun fait semblant de s’y baigner
de plein gré
Moi qui suis le plus grand des désespérés
je donne la vie
Je l’aime quand elle surpasse le temps
et survit au jour qui fuit
à la nuit qui lâche ses voiles
Personne n’achète sa naissance
Elle s’offre à nous ainsi
depuis toujours