Poème de Monchoachi (1946-) – MARTINIQUE (France)
Et là ils sont dans les nuages
Errent les enfants
comme chiens fous au gré des vents
dans les tourbillons et les turbulences du vent
Sans rame, sans voile, sans barre, sans mire
Seuls amers les constellations d’étoiles
Seuls paysages
des nuages la teinture fugace.
Lors le criquet divinò poussa sa délirante stridente
Nuages percés vers le bas
tombées les eaux du ciel en-bas
et au dessus du trou
nimbés d’un vert guère comme les nuages
raides penchés ils virent :
Un la-chai’ délectable, ils virent
(Pas une chair, un la-chai, entendez-le, un sacré la-chai’, ouaille !)
Splendeur insoupçonnée en-bas là
Fèves et miel,
Piments et boissons enivrantes
Et des oiseaux oranges dans l’air vert
Et des oiseaux rouges, et des oiseaux diaprés
Et des poissons misant leurs belles lumières
dans les cavernes de la mer
Et des poissons rares
Avec les belles arêtes qui font les belles parures
Et des fleurs, doux-Jésis !
Des fleurs comme tellement les enfants
Ne peuvent en voir sans laisser éclater leur joie
Sans lasser les cueillir
Les tresser et les offrir
Des néfliers, des baumes camphrés
Des amarantes roses
Des fuchsias-montagne aux pétales laineux
Des bégonias, des grappes drues d’amanoa
Et ils crièrent et dansèrent de joie
Et on les envoya demeurer sur terre
On les chassa avec des bourrades
Pour qu’ils ne reviennent pas mélanger les lignages
Et l’un derrière l’autre à la file ils coulissent vers le sol
Et là ils foulent,
Ils pressent la terre en ses teintures
dégraisseurs d’étoffes en leurs teintures
Et les oppresse là-même
Là même tout aussitôt les oppresse la beauté noire.
Recueil Lémistè
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