Poème de Pierre Chassagne Bilaye Malonga (1983-) – CONGO (Brazzaville)
I
Sur scène avec la détermination d’un acteur
Dévorant son rôle à l’instar d’un prédateur
Dans la peau de son personnage
Récitant les répliques avec courage
En milicien, il s’est incarné
Les gris-gris du vieux Kané
Le rendent invincible
Eliminant ses cibles
Par machette, sagaies ou autres armes en main
Son futur, ce n’est pas demain ni le lendemain
Ayant choisi la terreur comme demeure
Lutter qu’importe les dangers sans peur
Le mal lui paraît normal
Ses frères d’armes ont fini par l’amadouer
Ils l’appellent Kadongo, une enfance oubliée
Son âge ne le demande pas, le dernier qui a osé
Son cadavre gicle dans les eaux usées
Enfant soldat, qui a plus soif du sang que du soda
Acteur d’une pièce dont il ignore le scénariste
Il aimerait se réveiller de cette réalité triste
II
Pour ne plus se rappeler du titre
De cette horrible pièce de théâtre
Il regrette son passé à la cité
Étant armé avant la puberté
C’est un acteur jouant son rôle tel un maître
Tuer, il le fait mieux que rédiger une lettre
Il lui arrive de penser aux années perdues
Et oublier les images des traîtres pendus
En attendant que son calvaire puisse finir
C’est dans la drogue qu’il a son avenir
Tendons-lui la main pour sortir de l’aurore
Aidons-le à retrouver tout son honneur
Une pièce de théâtre
Dont les auteurs ne sont pas les moindres
Les politiciens, qui ignorent sa tombe
Lorsque le rideau tombe
La foule reste simple spectateur
Ignorant le pauvre acteur
Qui recevra le prix de l’enfant soldat
Personne ne se souciera de son état
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