Poème de René Depestre (1926-) – HAÏTI
Il est huit heures du matin
à mon bracelet-montre des
Corbières.
A
La
Havane il fait minuit passé :
avant d’aller au lit
des chevaux vaincus du siècle
Fidel
Castro fume-t-il
le dernier cigare de la journée ?
jette-t-il les mots amers de son discours en désordre parmi les pièces défranchies de son uniforme de macho en chef des chimères de son temps ?
commandant en chef ! quelle heure est-il dans le désert de la révolution ?
dans ses yeux privés de raison et de rosée est-il bien trop tard pour un réveil jamais vu ?
quelle heure est-il à
Cuba dans la poésie ?
(ou dans l’histoire de la philosophie ?)
sur les collines audoises
mes jours en état d’émerveillement
accueillent à bras ouverts
un nouveau lever de soleil
sur les mots de la tribu !
dans le sens où l’Histoire
brûle son voilier cubain
la rage de vivre donne
à mes pas des bottes de sept lieues
dans le chemin où don
Quichotte a disparu.