Monsieur le juge

Poème de Essaid Manssouri (1991-) – Partenaire d’AFROpoésie – MAROC

Le tribunal de Casablanca en 2007, par Radoslaw Botev

Monsieur le juge,

Oui, je suis le coupable,

Je suis le responsable,

Je suis celui 

Qui a cru aux êtres humains,

Je leur ai donné mes temps

Pour faire de moi un criminel

Je suis le coupable,

Je suis le responsable,

Monsieur le juge,

Jugez-moi comme vous voulez,

Jugez-moi sans pitié,

Serai-je ce condamné sans grâce 

Et dans l’éternelle tristesse

Serai-je un prince ?

Monsieur le juge,

Je ne suis qu’un poète croyant

Croyez-moi Monsieur le juge,

Cet homme est mon frère

Je suis un être humain

C’est lui qui m’a trompé

Je l’ai vraiment adoré,

C’est lui qui m’a trompé

Il a volé mon humanité,

C’est lui, juré, je jure,

Lui qui creuse 

Une tombe pour moi

Et je lui construis

Un palais en moi,

Il m’a volé, il a volé

Ma dignité, ma volonté.

Mon avocat,

Toutes les chansons 

Parlent de moi,

Toutes les nuits

Me blâment,

Ces chansons d’adieu

Ces nuits de rencontre,

Elles disent toutes une partie de moi.

Mon avocat, 

Tout autour de moi

Il parle de mes soucis,

Mes amis et mes ennemis

Aussi, ils parlent de moi.

Mon avocat,

La société est une pièce de théâtre,

Les rôles et les personnages

Les masques d’hypocrisie.

Ils jouent des rôles sarcastiques

Au-dessus de mon dos

Et ils portent des vêtements pathétiques

Devant mes yeux

Ils jouent des rôles ennuyeux

En chantant des énigmes pragmatiques,

Ils font du théâtre une réalité limpides,

Ils font du moi leurs réunions.

Mon avocat,

Je suis le coupable,

Je suis le responsable,

Jugez-moi comme vous voulez.

Mon avocat,

S’il vous plaît,

– C’est terminé.

La réunion s’est levée…

– Vous êtes condamné à la prison,

À vie

À la prison des poètes maudits

Surnommée l’enfer des poètes inédits

Jusqu’au jour de la résurrection.

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2 commentaires

  1. Voici un jeune poète qui se distingue et certainement un des plus doués de son époque.
    Un autre poème qui touche mon esprit et qui trouble mon âme!
    Mon poète, on te condamné à l’exil, à l’abstinence et sur ton coeur que d’amertume!
    Mon poète, assujetti, tu pleures ta servitude aux paroles proférées en vain;
    que des paroles exclusivement et rigoureusement infaillible; que des paroles contraires aux dispositions de ton coeur…
    Monsieur le juge et vous monsieur l’avocat,
    L’honneur de mon poète compte plus que vos longs discours vides de compassion.
    Puisse-tu Essaid, continuer ton excellente implication à afropoésie et je te remercie de nous offrir de si beaux poèmes.

    Aimé par 2 personnes

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