Poème de Medjo Essam (1996-) – Partenaire d’AFROpoésie – CAMEROUN

Akiéé1 ! Jusqu’à quand vas-tu laisser le monde foudroyer tout ce qu’il y a de bien en toi ? Jusqu’à quand comptes-tu laisser les mandibules du désespoir mastiquer tes rêves et tes plus suaves rêveries ?
Brûle !
Toutes ces idées pâles qui éblouissent ton existence,
Toutes ces pensées saoules qui t’abreuvent d’insouciance,
Toutes ces roses peurs qui te susurrent la déchéance.
Calcine
Et consume
Et enflambe
Et enflamme
Ce dégueulasse amas de chair qui te sert encore de corps.
Bestiale, tu es une fleur bestiale qui nage dans la lave en-dessous des cieux silencieux d’un dieu désemparé.
Non ! tu n’es pas une rivière frelatée (ou un moabi écimé) ni une flamme qui aboie, mais tu es, oh tu es, un aigle crémeux électrisant par son regard cannibale, les cers et les serrures qui s’endimanchent devant lui.
Que cette lâcheté nauséabonde qui s’enfonce comme un glaive dans les fentes de ton être soit aujourd’hui pulvérisée par ton courage conquérant !
Lève-toi et vole jusqu’aux poumons du soleil.
Marche sur les hauts et avale l’avalaison.
Danse dans tes angoisses et implose l’ouragan.
Embrase la pluie, dévore tes enfers,
Arrache le tonnerre et couvre-toi d’arcs-en-ciel.
Cours, crie, ris, saute, vis comme une cendre qui ne craint plus le feu.
Et prends place, oui, prends place sur le trône du lamidat de ta Vie renouvelée.
24/06/2020
1 : Akiéé ! est une interjection qu’on retrouve dans la langue Búlù et qui marque entre autres, la surprise ou l’indignation.