Poème de René Quintrie Lamothe (1914-1978) – FRANCE

C’est Noël cette nuit mais c’est la nuit encor
Sans aucune lueur qui promette le port.
Me voici donc toujours en ce monde !…Je songe,
Pendant que cette nuit païenne se prolonge,
À celle de jadis, celle de Bethléem
Où, gardant mes troupeaux près de Jérusalem,
Je vis soudain l’Étoile à travers le feuillage.
Je pris sans m’en douter la route du Roi Mage.
Ô Seigneur, par-dessus les murailles du Temps
Je revois cette Étoile et revis ces instants.
Ah ! comme la clarté chantant cette venue
Illumina notre âme et votre crèche nue !…
Et maintenant vous me traitez en étranger
Moi qui fus près de vous dans l’ombre du berger…
Moi qui vis le Seigneur et l’Espérance naître,
Pourquoi ne veut-il plus à présent me connaître,
Nous laisse-t-il ici, tremblants, irrésolus ?
Pourquoi, Seigneur, pourquoi ne répondez-vous plus ?
Poème envoyé par le fils du poète, Thierry Quintrie Lamothe