Poème de Thierry Quintrie Lamothe (1944 – ), partenaire d’AFROpoésie, FRANCE.

Un soir, le rêve d’Aïcha se brisa,
Un éclair foudroyant l’avait fauchée,
Sur une mine vilainement accrochée
Par le Diable qui l’immobilisa.
Comment vivre avec deux jambes brisées ?
Retrouver son aplomb et son allure,
Si accordés à sa grande stature,
Marcher encore sans être épuisée.
Force fière, sans aucune pitié,
Soif seule d’une liberté nouvelle.
Son entourage la trouva très belle,
Coquette à l’ombre de l’avocatier.
Un soir, assise à l’écart du village,
Une réfugiée, postée le matin,
Attend la passante sur le chemin
À fuir la sècheresse et ses ravages.
Faire l’aumône n’est pas un spectacle,
Ombre verte fondue dans un sol sombre,
Où l’errance frappe le plus grand nombre,
Le moindre grain est vu comme un miracle.
Sentant un souffle, Aïcha marque la pose,
Glisse un billet dans la bassine bleue,
Promesse d’un rêve plus lumineux,
S’appuie sur la jambe qui la repose.
Le regard clos perdu dans le lointain,
Geste vif vers cette femme accroupie,
À l’affût, peur nouée d’être assoupie
Avant les lueurs d’un jour qui s’éteint.
Dans le creux de sa main, tout l’or du monde,
Libérée par ce geste de partage,
Pour toucher peut-être un autre rivage
Et suivre le fil d’une nouvelle onde.
Carnets poétiques
(droits réservés, copyright, septembre 2021)
Les guerres enrichissent les Banksters assassins en tuant, brisant la vie de centaines de milliers d’innocents.
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