Poème d’Élie Welcome Ozoux (1865-1926) – LA RÉUNION (France)

Un souffle humide et chaud, venant de la Nubie,
Passe, chargé de feu, sur les flots alourdis…
Desséchant et stérile, il va vers l’Arabie
Peupler de bruits confus les déserts engloutis !
Sur la poupe, épuisé de la chaleur subie,
Enfant dégénéré des ancêtres hardis,
Pour tromper l’âpreté de la route suivie,
Je rêve à la fraîcheur de lointains paradis !
Et cependant, là-bas, sur les côtes prochaines,
Ignorant d’autres cieux, des familles humaines
Ont pour leur sol ingrat l’amour toujours nouveau.
Les rochers dénudés, l’herbe courte et flétrie,
Le vent brûlant des soirs, pour eux c’est la Patrie,
Le ciel incendié, pour eux c’est le Drapeau !
En zig-zag, récits de voyages.