Poème de Claude Dussert (1947-) – Partenaire d’AFROpoésie – FRANCE

Imaginez une terre ocre, brûlée, asséchée
Une terre ancestrale labourée, maltraitée.
Imaginez une terre irriguée de drames et de sang.
Imaginez, une terre de conflits incessants
Une terre excisée des lambeaux de son histoire.
Imaginez des senteurs épicées, entêtantes,
subodorantes
Qui enivrent votre esprit et chassent vos idées noires.
Imaginez les neiges éternelles du Kilimandjaro.
Imaginez les guerriers Massaïs lanceurs de sagaies
A l’affût
Dans les hautes plaines luxuriantes d’un gibier
Sur le qui-vive.
Imaginez les contes de ces griots errants
Raconteurs de la vie
Paroliers du présent, gardiens des rites coutumiers.
Retrouvez-vous au centre de l’Afrique peu peuplée
Et pourtant noire de monde.
Entendez-vous ces résonances ?
Entendez-vous ce tam-tam entêtant
Orchestré par un troupeau d’éléphants
En quête de l’eau vive, en quête de l’eau de vie ?
En quête de cette eau de vie trésor de cette terre
Cette eau qui les conduira cependant
Dans leur quête impossible
A coups sûrs
Jusqu’au cimetière de leurs ancêtres
Habitants d’autres ères.
Entendez-vous ces cris ?
Entendez-vous ces barrissements sans fin,
Ces cris de faim, Faim au ventre
Qui fait courir les gazelles toujours sur le qui-vive
Mais toujours en quête de l’herbe salutaire
Toujours aux aguets.
Mais qui peut vivre dans cette fournaise ?
Toujours avoir les crocs
Courir, chasser, chasser, courir
Chassez, belles lionnes, le roi attend sa dime
Sautez, virez, courez en zigzags incessants
Sautez, galopez, galopez…
Les hyènes sont de la partie, rieuses, entêtées
Elles auront la carcasse sans s’être décarcassées.
La mort est lente en Afrique
La mort vous attend et sait se faire attendre
La mort se terre au pied d’un grand baobab.
Le soleil s’est éteint d’un coup.
La lune a encore raté son rendez-vous.
Vous êtes maintenant dans le noir le plus profond,
Le noir absolu.
Vous êtes en AFRIQUE !