Poème de Claude Dussert (1947-) – Partenaire d’AFROpoésie – FRANCE

Dans ce désert sans fin entre ergs et regs,
Elle va, voilée, à pas lents.
Elle porte sur son dos toute sa richesse
Tout son avenir.
Dans un châle, enveloppée,
Une petite fille doit sortir de l’enfer.
Hier encore, les bombes inondaient la région.
La maison explosa comme orage en été
Quand l’une d’elles souffla l’îlot de liberté
Où, dans sa cave terrée, elle attendait
En cet enfer torride que cessent les combats.
Quand elle s’est réveillée, un grand trou s’étalait.
Le village endormi s’était évaporé,
Une nuée sableuse couvrait son oasis.
Dans cette apocalypse, elle dut convenir
Que de tous ses voisins elle était bien la seule.
Elle était toute seule à porter le fardeau
De reconstruire ce monde fait de dunes et de pierres
Du cadavre des morts nus, à découvert.
C’était un vrai charnier pour dernier horizon.
Alors, sa déraison prit le parti d’en rire.
Son bébé elle coucha
Dans l’horreur s’allongea
Plus d’espoir, d’avenir
Qu’attendre simplement
Son heure pour mourir.