De Bernadette Ginestet-Levine (1946-) – Partenaire d’AFROpoésie – ALGÉRIE
J’ai murmuré aux quatre vents
Les noms de mon rocher
Ils les ont emportés au loin
Virevoltant comme des feuilles
Je les ai écrits du pied
Dans les sables humides et rêches
Les vagues les ont emportés
Elles les ont brassés
Les ont réduits en poudre
Les ont rejetés
Sur des côtes lointaines
Les noms de mon rocher
Sont tumultueux
Comme l’envol des passions
Dans les nuits d’orage
Durs et infimes sous la plante des pieds
Comme les éclats de coquillages
Bordant les plages de l’enfance
Mon rocher est fier
Abrupt
Il surplombe des gorges vigilantes
Il repose depuis toujours
Sur la tête brute d’un taureau
C’est là
Dans le bouillonnement des mythes
Entre ces cornes imprévisibles
Telluriques
Que sont sans doute enfouies
Mes racines primordiales
Les mythes voyagent
Dans le temps et dans l’espace
Enracinement et désenracinements
N’ont alors plus de sens