Afrique #1

Fabienne Passament (1973-) – Partenaire d’AFROpoésie – FRANCE/COTE D’IVOIRE

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Photo © Justin Makangara

Du souvenir présent de l’Afrique natale,

Je suis l’orchidée blanche au parfum sombre et lourd

Et s’éveille en mon cœur la quiétude fatale,

La douceur du climat où l’humidité sourd.

 

Je suis l’orchidée blanche au parfum sombre et lourd

De forêts où les arbres sont des cathédrales,

La douceur du climat où l’humidité sourd

Étouffe le désert, apaise l’astre pâle.

 

De forêts où les arbres sont des cathédrales,

Je suis les cris de femmes à la tombée du jour :

Étouffe le désert, apaise l’astre pâle,

Des hommes le murmure et tam-tams des tambours.

 

Je suis les cris de femmes à la tombée du jour,

De la terre à la nuit, il s’élève le râle

Des hommes le murmure et tam-tams des tambours,

Musique et grondement des rumeurs ancestrales.

 

De la terre à la nuit, il s’élève le râle

De la mer à la vague qui se rompt toujours,

Musique et grondement des rumeurs ancestrales.

Je suis infiniment bercée par le retour

 

De la mer à la vague qui se rompt toujours,

Et s’éveille en mon cœur la quiétude fatale,

Je suis infiniment bercée par le retour

Du souvenir présent de l’Afrique natale. 

© Fabienne Passament, Correspondance, 2013

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3 commentaires

  1. Ceci n’est pas un commentaire, mais un avant-goût d’un commentaire à venir s’il vient et qui ne viendra qu’avec votre consentement, vous, Fabienne :
    « J’ai une sale habitude de lecture, celle qui lit avec une attention flottante.
    Attentive quoique flottante, flottante quoiqu’attentive, cette lecture à nulle autre comparable, me met à l’abri de l’auteur(e), de ce qu’il (le) veut dire et, du coup, à l’abri du texte qu’alors je peux vraiment lire. Je l’appelle aussi bien une lecture récréative, merveilleusement apéritive, les yeux braqués sur le corps verbal du texte et l’esprit ailleurs. Les auteurs en général ne supportent pas ce phénomène où ils deviennent des figurants ou des personnages secondaires, des prétextes malgré eux. Leurs textes passent à la moulinette d’une métaphore où ils font figure de gros grains d’un café à moudre, d’une farine bien moulue qui reste à tamiser : je suis un meunier-vampire qui cherche en tout une fine fleur fictive à cueillir, un sang imaginaire à sucer, boire, boire jusqu’à l’ivresse du langage qui, ne pouvant plus se contenir, se met à conter, raconter des histoires là où, au départ, un(e) auteur voulait donner quelque chose à lire, à partager… Sauf que, par une fidélité inattendue, je le(la) prend au mot, avec mes dix doigts et plus encore, poignets, coudes, tous mes cheveux, le clignement des yeux, ma respiration et j’en passe. Partage fulgurant, difficile à considérer comme un commentaire à proposer aux collègues poètes de ce site ou d’autres. Il y va d’une incorporation des auteur(e)s par le lecteur que je suis. Peut-on mieux lire et rendre un hommage d’autant plus sincère que créatif à un texte poétique, à son auteur(e) à qui je reprends la plume en tant que lecteur ?» Qu’en pensez-vous ?

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  2. Hommage prosaïque à la « poïétique », par gratitude envers vous…
    Chaque fois que j’entre dans la forêt de mes attentions, tout se met à bouger en moi et autour de moi, en même temps. Je ne sais plus si je marche, boitille, avance ou recule, fais du sur place ou danse. Elle me connaît bien, ma forêt, qui me voit toujours venir d’Afrique, d’Europe ou d’ailleurs. Je ne puis en dire autant, aimerais en dire autant, que je la connais bien, mais suis obligé de la deviner, de chercher ses intentions, entre ce qu’elle me fait croire en parlant, et ce sur quoi elle se tait. Craignant que ce ne soit sur rien, je voudrais oublier cette forêt, sans rien perdre des attentions elles-mêmes, considérer chacune pour elle-même dans son arbre, allant tout prêt de son espèce, l’observer de haut en bas par déduction et de bas en haut par induction, depuis l’écorce de la raison jusqu’aux branches de l’imagination, à chaque feuille d’une intuition s’évaporant à même son émergence, toujours changeante selon les saisons de ma volonté, retenant ou renvoyant des avis sur moi, de face, de dos ou encore sur mes profils dont moi-même j’ignore tout. Bonnes ou mauvaises, les nouvelles que je reçois de moi-même à me laissent toujours perplexe, jusqu’au simple « comment ça va ? …ça va bien…ou on fait aller… » De temps en temps, une lueur s’abandonne ou résiste aux insectes affamés de commentaires, cette pitance à laquelle même les oisillons encore fourrés dans leurs nids, ont du mal à se résigner. J’entends encore les cris des petits et les chants des grands.
    Ne rien perdre de mes attentions, faire attention à mes attentions !…
    À ces mots, surtout à la répétition sonore inattendue de celui-là, si important pour moi, je me suis arrêté net, le regard capté par un serpent, à moins que ce ne soit une liane d’idées sur une piste de réflexion…une, puis deux, puis trois, puis…innombrables faisceaux d’opinions mêlées devant moi, de longues lianes de réactions épidermiques de toutes les couleurs, conduisant à une sorte de tête à mille faces ou revenant vers moi. On dirait une déesse de la forêt équatoriale, celle de mes désirs sauvages, avec des cheveux aussi bouclés que tressés, d’une noirceur qui attire et repousse par leur beauté magique ; des yeux immobiles et, paradoxalement, d’une douceur filtrant la caverne des orbites et diffusant une affection irrésistible. J’étais pris en otage dans ses bras que l’on croirait maléfiques. J’aimerais tant recueillir toute cette tendresse, la porter dans mes mains, mais il m’en faudrait plus que deux, trois peut-être, même quatre mains ne me suffiraient pas. Quelle divinité dispose de plus de quatre mains ? Il va peut-être falloir que je renaisse autre pour faire face à ma déferlante.
    Comment dire au monde entier que je l’ai rencontrée, l’entité qui manque à notre siècle pour lui apprendre à faire la paix. Trouver le moyen de diffuser à mon tour ce que j’en ai reçu par simple sensation, sans aucun besoin de lancer une alerte, de signer une pétition, sans battre le pavé ni déclencher une mobilisation générale pour un sitting défiant les forces de l’ordre.
    Comment exprimer l’impuissance des conférences et débats érudits et, en même temps, toucher le cœur de mes congénères sans slogan pacifiste. Dans le dédale des attentions, plongé dans une méditation subliminale épuisante au cœur de ma forêt, j’ai aperçu des lianes d’un dialecte aux ficelles entrelacées, se dégageant une à une, s’alignant en descendant le long d’une colonne invisible, jouant à un jeu difficile à saisir par la raison mais d’une attraction picturale arc-en-ciel à cet horizon sans ligne unissant ciel et terre, avant qu’ils ne se souviennent de leur guerre éternelle.
    Dialecte chromatique qui touche pour voir d’un œil qui écoute dans un poème de douze vers entremêlés en vingt-quatre assonances offertes à la mélodie du refrain.
    Hommage à votre poésie…pour l’Afrique, pour l’Europe et pour le Monde ! Au nom des divinités d’aujourd’hui et de demain…

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  3. Le long chant de l’Afrique renouvelée dans la mémoire — encore faut-il des souvenirs —, comme une encyclie qui s’éparpille vers l’extérieur en revenant toujours, fatalement, en son centre : l’origine nous retient, nous voulons beau nous disperser, aller loin ailleurs différent autre, nous revenons toujours de là où nous sommes partis, de là où nous sommes nés. La « vague » se « rompt » , mais même brisée, retourne à son origine, part et revient, rouleau cyclique qui sillonne la mer de nos esprits en y laissant des souvenirs…
    Les entrailles lisses de la terre, ce désert qu’on devine bombé suivant la forme des mémoires difficilement extirpées, regardent vers l’autre courbe, celle des cieux, celle où les dernières lueurs sont celles qu’on réchauffe…
    Face à cette vaste mer ondulante, qu’on dirait qui cache plus qu’elle ne veut montrer, et face à ce désert aux dos soyeux,, il y a cette forêt — ou plutôt, d’abord — si singulière, qui est une forêt bien étrange avec sa végétation transformée en monuments. Il y a aussi la « forêt des attentions » de Waounwa, dans laquelle nous plongeons l’œil ébouriffé, dont nous voulons saisir quelques fruits rares, des feuilles aux veinules souples, des branches ; le chemin est à faire, il faut d’abord que nous le dessinions. Chacun a sa forêt unique, et la vôtre a d’autres éléments, qui parfont ce pays de la première naissance ! Les déesses se cachent partout ; au coin des ruelles, derrière l’oreille, à murmurer des paroles insanes qu’on écoute pourtant, sous le bureau, là, à suivre le tracé de nos doigts pour les commander, tressées avec les feuilles cueillies du matin, pâle incarnant de l’œil. Malines, on leur cède sur tout, car, véritablement, ce sont bien elles qui portent du monde les plus belles empreintes des choses vivantes.

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