Idir Tas (1960-) – Partenaire d’AFROpoésie – ALGÉRIE (Kabylie)
Je me souviens Marguerite des virées près des noyers
Je me souviens Marguerite de l’une de tes robes fleuries
Je me souviens Marguerite des glaces qu’on voulait manger
Je me souviens Marguerite de ton humeur réjouie
Tu tapais la belote sur ton tapis vert émeraude
Des parties il en a vues mais il en redemandait
Je me souviens Marguerite de ton biscuit préféré
Tu prenais la meringue avec un café corsé
Que tu ne sucrais jamais
Je te revois Marguerite manger ton bout de tomme
De la gelée de framboise sur une assiette de roses
Tu t’asseyais sur un banc le soir après le souper
Ton chapeau de paille brillait comme un soleil des thuyas
Je me souviens Marguerite de ton jardin près de ton lit
Tu n’avais qu’à ouvrir ta fenêtre pour voir tes fleurs polies
De soleil de gentillesse
C’est là qu’est ta demeure longtemps après
Que ta maison a brûlé en entier
C’était à cause de la guerre
Mais tu ne lui en as pas tenu rancune
Car tu sais que parfois les hommes deviennent fous
C’est ta générosité qui t’a enseigné le pardon
Je me souviens Marguerite des virées près des noyers
Je me souviens Marguerite de l’une de tes robes fleuries
Je me souviens Marguerite des glaces qu’on voulait manger
Je me souviens Marguerite de ton humeur réjouie
Je me souviens Marguerite je me souviens Marguerite
À la mémoire de Marguerite Chabert-Bourne [1906-1999]
Extrait de “Les Poissons Migrateurs”, d’Idir Tas, Les Éditions du Net, novembre 2015 (repris dans “Chansons du Figuier Bleu”, Les Éditions du Net, juin 2016).
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