Rodrigue Hounsounou (1986-) – Partenaire d’AFROpoésie – BÉNIN
L’aurore ;
Déjà L’aurore ;
La lessive, la vaisselle : des tas de corvées !
La cour à balayer
Une cour vaste
Telle l’étendue d’un gouffre amer
Et toute à finir avant le lever,
Le lever de la maîtresse du sanctuaire.
Toujours le ventre creux, affamé ;
La gorge desséchée ,
Des heures durant, je reste éveillée, rêveuse.
C’est ma routine !
Une routine qui me taquine.
Quelle galère !
Quel calvaire !
Si ma mère me voyait.
Si mon père savait.
Je suis une bête de somme.
Tout m’assomme !
La cravache siffle si point d’eau dans la douche.
Mes joues brûlent si point de thé sur la table.
Mes paumes s’enflent si point de chaussures cirées.
Mes fesses. . .
Je suis couverte de bleus.
Tout cela m’agouce enfin.
Tout cela dépasse mon âge.
Et telle une poule mouillée, je déplume.
Pourtant, devant les invités,
Ma maîtresse me traite tout gentiment.
» C’est ma fille chérie «
Et je dois y consentir.
Tout à l’heure, elle ne me reconnaîtra plus.
Aho! la voila déjà qui revient à la maison
Dans sa robe rouge,
Bras balançant le sac à main , pas endiablés.
Oh la la ! Qu’est ce qu’elle me liquéfie!
Que bat mon cœur !
Que j’ai peur !
Je ne sais où rester !
Je ne sais quelle attitude adopter !
Je perds mes sens!
Bientôt ; bientôt encore
De sa voix ténor,
Elle me demandera, le regard sévère
» As-tu fini tes travaux vipère ? «
Et cela recommencera.
Aho! Je serai méconnaissable.
– Vidomègon/ Vidomingon : Enfant placé
– Aho ( Interjection exprimant l’apitoiement sur son sort. Elle est propre à la langue » Fon » du Bénin )
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