Roger Dorsinville (1911-1992) – HAÏTI
Verte et fraîche
hors de la nuit
Arrachée verte et fraîche
à la nuit
Pour célébrer la terre
hors du lit de la nuit
où dormait la nuit
molle et douce dans chaque creux de la terre
La nuit comblait chaque creux de la terre
coulant jusqu’au profond de chaque ravin
le long de toutes pentes
Et chaque pente surélevée
chaque doux mamelon de colline
toutes les montagnes brandies le jour comme un cri
chaque pente chaque montagne
étaient enveloppées par la nuit
enveloppées par la nuit
prises dans la pesanteur mouillée
des bras de la nuit
la terre entière
dans ses creux
dans ses collines
enveloppée dans la pesanteur mouillée de la nuit
Pour célébrer la terre hors de la nuit
verte et fraîche
mille rayons clairs debout
derrière d’autres mornes
jusqu’à d’autres rayons clairs derrière d’autres mornes
mille rayons clairs
de mornes à mornes
dentelés
dans les rayons clairs
mille par mille rayons clairs
font une tente de clarté
au-dessus des creux profonds
arrachés à la nuit
au-dessus des creux profonds
hors de la nuit
au-dessus des creux
entre les mornes
crêtés de rayons clairs
hors du creux profond de la nuit
hors du creux noir et mouillé de la nuit
dans un creux profond des mornes
dans un creux
entre mornes crêtés et rayons clairs
dans un creux hors de la nuit
hors de la mollesse ouverte
profonde et mouillée de la nuit
Dans un creux profond de mornes
dans un creux de clarté
de tentes de la clarté
un arbre seul
pour célébrer la terre
un arbre seul
dur et droit
que cachait la nuit