Rodrigue Hounsounou (1986-) – Partenaire d’AFROpoésie – BÉNIN
Cette femme rouge, noire et blanche
M’a dit un jour de façon franche
Que je vais trépasser.
Et pas à pas, dans un face-à-face
Nous marchions vers l’impasse.
Dans le plus profond de la nuit,
Au moment où le jour et la nuit
Coïncident : 00h ;
Ma chambre s’est remplie d’hommes et de femmes
Qui me sont inconnus : des infâmes.
Visages immaculés de rouge, de noir et de blanc ;
Vêtus de rouge, de noir, et de blanc ;
Bouches embuées de sang ;
Ils défient Dieu.
C’est un rêve bizarre
Bizarre n’est pas le mot approprié
Pour traduire mon rêve
C’est un rêve mystérieux, mystique
Dans mon rêve j’étais malade
Malade au point de ne plus tenir debout
Malade au point de frôler la mort
Dans mon rêve, Pasteur
J’ai été conduit dans un endroit bizarre
Bizarre n’est pas le mot approprié
Pour traduire cet endroit
C’est un endroit mystérieux, mystique :
Un couvant ;
Par la femme rouge, noire et blanche
Devant le Lεgba
Dans mon rêve, Pasteur, je n’étais pas seul.
Il y avait des enfants et des femmes enceintes
Devant moi.
Les mains sur le ventre,
Elles ne faisaient que pleurer.
Les enfants eux tremblotaient et grelottaient de frayeur.
Nous ne savions plus s’il fallait courir et fuir
Ou s’il fallait s’y résoudre à jamais.
Ecorché vif,
Je regardais mon sang couler à flots dans une calebasse ;
Puis goûte à goûte débordé la calebasse.
La femme rouge, noire et blanche
Me mit la dague au cou.
Secoué par une main blanche ;
Je me réveillai sur le coup.