Poème de Rodrigue Hounsounou (1986-) – Partenaire d’AFROpoésie – BÉNIN
Aussitôt qu’apparaissaient les premières lueurs du soleil
Et que tonnait le chant des oiseaux dans les broussailles
Enfants, nous partions à la chasse aux papillons,
Aux lézards et aux grillons.
Armés de bâtons, de filets et de lance-pierres ;
Notre groupe fut-il très peu; fiers,
Nous battions les herbes en formant de petits cercles.
Des chants accompagnés de sifflotements en boucle
Rythmaient souvent nos parties de safari.
Toujours énergétiques sans être jamais flapis,
Nous allions çà et là, remplissant
Nos boîtes de tomate, toujours en courant,
De ces petites bestioles frappées de veulerie.
Et lorsque nos réceptacles furent remplis,
Nous faisions un petit détour derrière
La maternité, seul lieu en pierres
Où les cris et les pleurs
Des nouveaux-nés étaient insensibles à nos cœurs
Car, il fallait très vite et discrètement
Ramasser les seringues fortement
Entassées dans les sacs poubelles.
Les grondements assourdissants des filles de salle
Mettaient très rapidement notre petite bande
D’enfants écervelés en débandade.
Il fallait nous voir courir
Dans tous les sens en éclats de rire.
Et une fois au CERCLE DES JEUX,
Nous organisions des jeux
Insolites auxquels prenaient part
Les tout-petits jusque-là mis à part.
A l’aide des seringues, on injectait
De l’eau aux lézards désormais par terre
Jusqu’au gonflement ; pour les regarder
Se débattre difficilement à ramper.
Ce qui nous amusait, nous égaillait.
Nos rires et nos cris de joie envahissaient
Tout le village. A l’aide de l’eau et du sable
Qu’on malaxait, nous fabriquions
Des téléviseurs dans lesquels nous introduisions
Les papillons et les grillons et qu’on couvrait admirables
Des tessons de bouteille qui servaient d’écrans.
Le vol et les cris des insectes fascinants
A l’intérieur, nous offraient des spectacles dignes
Des grands soirs de cinéma en campagne.
Avec des saute-moutons, des colin-maillards,
Nous finissions souvent en bagarre.
Plus tard, au clair de lune, le regard
Évasif, nous écoutions à peine les vieillards
Contés les mystères de la vie
A travers les histoires de l’Araignée et de Petit-Dan.
Ils nous ouvraient ainsi le cercle de la vie.
Attroupés autour du feu, nous étions moins bruyants.
Pendant la saison des pluies,
De jeunes pousses d’herbes fraîches
Couvraient les cours et les clôtures en branches
De nos agglomérations en buis
Où se creusaient de petites mares
Et où en bandes, nous suivions
Attentivement et avec passion
L’évolution extraordinaire des têtards
En des grenouilles qui coassaient.
Lorsque l’orage devenait trop fort et grondait,
Chacun rentrait en courant chez lui
Pour se recroqueviller dans les pagnes de sa mère à lui.
Dans nos cases déjà endormies,
Nous trouvions le sommeil sans bruit
Dans nos lits de claies comme des sourds.
Adieu merveilleux moments partis sans retour.