Poème d’Antoine Abel (1934-2004) – SEYCHELLES
J’entends encore les staccatos
Le prolongement des sons des tam-tams
Des tam-tams du temps jadis
Alors les collines s’enflamment
Dans la nuit sèche
Les pieds des danseurs
Se baignent dans la fine poussière
De latérite
Et leurs pas scandent sauvagement
Un rythme endiablé
J’entends encore les notes rapides
La voix étouffée du « commandeur »
Se modulant dans l’air tiède du soir.
Alors les échines s’arc-boutent
Les unes aux autres
Et les hanches roulent comme des houles
Les ventres des danseuses voluptueuses
Ondulent lascivement…
Et des voix confuses s’interpellent
Impudemment.
Je perçois toujours les staccatos
Les grondements des « grosses caisses »
Par delà les années de mon enfance …
Je les porte en moi
Comme des stigmates.