Poème de Fatou Yelly Faye (1957-) – Responsable de délégation AFROpoésie/Afrique de l’Ouest
A Valence nous avons slamé
A Saint-Gervais en altitude
Les hauteurs nous ont accueillies
Cheveux ébouriffés
Majestueuses dans leurs robes jaunes ocres
Allure féline le long de la route
Bien rangées
Bien alignées
Sagement alignées
En rangs espacés
Filles lionnes à la crinière royale
Filles aux jambes élancées graciles
Belles muettes
Gracieuses dans l’or de leurs robes de fin d’été
Ce sont mes platanes
Elles forment une haie d’honneur
Nous accueillent à bras ouverts
Nous orientent à chaque instant
Vers Saint-Gervais-sur-Mare
Tandis que le buis en détresse lutte farouchement contre la spirale
Le papillon vampire blanc se régale
Et ne lui laisse aucun répit
Mais la survie est son créneau
A côté le saule pleureur dans sa longue chevelure
Qui lui mange toute sa tête
Et forme une toiture
Un abri
Une cabane verte
Une niche
A l’intérieur
Une petite table
Un refuge secret pour casser la croûte rêver
Bien à l’abri du monde alentour
Le saule pleureur !
Pourquoi pleure-t-il le saule ?
Sans doute en communion avec la rivière
Où la cascade silencieuse coule sagement
Dans sa robe vert d’eau
A ses pieds
Une multitude de pas tracent le chemin
Oui les sangliers sont venus cette nuit lui tenir compagnie
Les figuiers nous sourient
Au bord du chemin nous goûtons à ses fruits succulents
Le chêne majestueux trône en roi sur cet univers des montagnes
Le châtaignier royal dans ses fruits aux grappes piquantes
Nous ouvre ses bras
Les vignes pleines
Offrent leurs petits en vendanges
Le pommier vert me sourit
Tandis que le hêtre
Règne et plane en maitre.
A Valence nous avons slamé
A Saint-Gervais
Au fond des bois
Je respire à pleins poumons
Car le sapin de noël dans sa robe de volants enguirlandés
Verdit et danse le flamenco
Oui respecter la nature
C’est lui donner le droit de s’exprimer
Lui accepter sa place au soleil
La laisser vivre prospérer s’épanouir
Au cycle du temps au fil des jours et des saisons
L’abeille noire des montagnes a donné naissance à d’autres abeilles
En hauteur nous savourons
Le miel des campagnes aux parfums des fleurs du terroir
Tout en fragrance
Une boule piquante
Un hérisson vert darde ses griffes
Patience il lui faut du temps pour mûrir
Et donner naissance à la châtaigne
Alors au feu de bois sur la cheminée les marrons nous attendent.
A Valence nous avons slamé
A Saint-Gervais en altitude
Les hauteurs nous ont accueillies
Les montagnes mystérieuses majestueuses nous ont tracés la voie
Sur le chemin
Des paysages magiques dans leur magnificence
Ce matin l’épervier d’Europe
Vole et plane dans le ciel
Il est sorti exprès faire un tour et nous souhaiter la bienvenue
En route pour Béziers
A la plage de Valras
Assis en face de la mer
Une pluie fine
Mouille et rafraîchit le visage
Soudain
Extase
La nature en symbiose nous offre sur un plateau d’eau cristal bleu
Un spectacle époustouflant
A l’horizon une patelle en mille couleurs
Sur l’étendue bleue au fil de l’eau
Et à mes pieds sur la plage sous une pluie fine
Au fin fond de l’horizon
Un arc en ciel géant
Oui
A Saint-Gervais-sur-Mare à Béziers
Sur la plage de Valras
Un arc-en-ciel géant grandeur nature
Que demander de plus
Oui
Il est temps de rentrer
Quand on est monté sur le dos de l’éléphant tout autre monture nous laisse indiffèrent
Sur le chemin du retour l’épervier d’Europe en une ronde nous dit au revoir
Le brouillard épais nous accompagne
De retour à Dakar
Sur ma terrasse
Pluie fine de bienvenue
Et soudain un arc-en-ciel
Grandeur nature nous rendons grâce au Très-Haut.
Regarde le ciel un arc-en-ciel !
Fatou Yelly Faye
« Poétesse de la solidarité intergénérationnelle et du cousinage à plaisanterie’ »
Dédié à : Alain Banat
Emmanuelle Rivet