Poème de Firmin Tape (1991-) – Partenaire d’AFROpoésie – BÉNIN
Illustration: tableau de Jean-Léon Gérôme, exposé au Musée Georges-Garret de Vesoul.
Large et vaste;
Dure et épaisse;
Brune et molle;
Lourde et tombante;
Sale et bourrée ;
Telle était l’oreille de l’éléphant,
Un mâle sans enfant.
Pénétré par le boulet du chasseur,
Du Fabre* coulait un liquide rouge.
L’éléphant échappa à Boni,
un braconnier à la recherche d’ivoire
il secoua l’oreille baignée de sang
il l’épousseta et continua,
Il avait très mal, mal quand même,
mais n’osait faire un arrêt,
car le lion n’était point loin,
Il était proche pour guetter ce qui aurait échappé au chasseur.
Il se cachait pour ne pas, du lion, être la victime.
Hélas, l’oreille de l’éléphant transpercée ne tomba qu’au soir du jour maudit.
Le lion avait faim et soif, il devrait nourrir un loup estropié, vivant sans espoir près du bois mort,
L’éléphant résista, se cacha et enfouit son intime oreille dans de la cendre calme ;
Une cendre à braise, cendre à piège
Oh !!! Il voulait se frotter le bout de l’oreille qui lui faisait mal.
Il se brûla l’oreille.
Le lion sentit l’odeur et se rapprocha aussitôt à nouveau.
L’éléphant se releva et dit à Monsieur lion: « Je suis encore vivant. »
In Amour à la faune, 2019
* Le Fabre: l’oreille de l’éléphant dans le jargon des naturalistes
J’ai aimé; félicitations à l’artiste.
J’aimeAimé par 1 personne