Poème de Birago Diop (1906-1989) – SÉNÉGAL
Une volute bleue, une pensée exquise
Montent l’une sur l’autre en un accord secret
En l’état rose tendre qu’une globe tamise
Noie un parfum de femme dans un lourd regret.
Le lent lamento langoureux du saxophone
Égrène de troubles et indistincts accords
Et son cri rauque, saccadé ou monotone,
Réveille parfois un désir qu’on croyait mort.
Arrête Jazz, tu scandes des sanglots, des larmes
Que les cœurs jaloux veulent garder seuls pour eux.
Arrête ton bruit de ferraille. Ton vacarme
Semble une immense plainte où naît un aveu.
In Leurres et lueurs, Présence africaine, 1978
Poésie africaine, Six poètes d’Afrique francophone (anthologie), Editions Points, 2010