Poème de Driss Korchi (1970-) – Partenaire d’AFROpoésie – MAROC
Je traverse le cadran désertique.
Le chant nimbe la nuit où le cadran voit filer des étoiles…
Le cactier guette!
Le vent va bientôt devenir despotique.
Je traverse le gué sans me méfier des pas absorbés des fennecs.
Un menhir rugit de l’érosion…
Je traverse le vide en m’accrochant au cadran erratique.
Je compte les globes lumineux.
Et sous la terre, des danses de morts recommencent quand le cadran se fatigue.
J’attends une caravane au seuil de la ville en décombres,
Je crains qu’elle ne soit pillée dans un cul-de-sac ombrageux,
Je crains…!
La vipère est dans le creux de mon seul palmier
Et le cactier guette des phalanges miragineuses…
Je suis seul parmi les catacombes !
Dieu vient de détruire la ville où je demeure
Et ma caravane est certes pillée par les mirages glaneurs.. .
Je retourne vers ces vestiges, j’étreins les murs qui sentent un effluve humain,
Sur la tête d’une jeune fille morte, j’ai mis des fleurs du cactier.
J’ai prié l’absence.. .!
J’ai momifié mon cœur avec le natrum :
Le solipsisme !
Déjà un temple voit ses os sans chair …
L’odeur des vignes écrasées rôde chercher quoi enivrer,
Mais l’odeur de la ville défunte qui pue est plus forte.
Le temps ose faire ses danses sur les creux du cadran, pendant que des corps marmoréens subissent la refonte.
Une averse de remords mouille des squelettes et des demeures…
Et quand un souffle effrayant passe par ici,
Des gerbes de cheveux vierges s’envolent pour recouvrir le temps fuyard.
Je traverse le cadran, je ramasse ces cheveux fantomatiques, j’en fait des ailes d’Icare.
Là-bas! Là-bas!
Je veux en vain déguerpir mes rêves tendancieux de ce gouffre labyrinthique…
In Les pissenlits de l’exil, Edilivre
2014