Poème de Jean Sénac (1926-1973) – ALGÉRIE
Illustration: signature du poète, sur un carton d’invitation
L’odeur ouvre le front
met dans la main une rumeur ancienne
la simple odeur longtemps retenue de la laine
et la tranquille ampoule où brûle le limon
L’oreille ouvre le temps
quel genêt bouge alors dans le cœur quelle pierre
frappe la jambe quel printemps
remet au centre la misère
La bouche ouvre la nuit
libère un vieux galion sous la dure falaise
une fille s’endort le bruit
des mers inachevées la conduit la protège
Le cœur ouvre l’étui
où rêvait le poète à ses futures frondes
pareil au grave enfant que la mort dévergonde
sourd à ses animaux sourd aux dieux, sourd aux fruits
La chaleur ouvre le monde
dans le signe de l’ami
Extr. de Jean Sénac, Oeuvres poétiques, Actes Sud, 1999, p. 112
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