Poème de Djibril Zakaria Sall (1939 – ) – MAURITANIE
Illustration: tête en terre cuite Sao. Woutio, Cameroun. Don de l’administrateur Gatau, en 1949. Muséum d’histoire naturelle de La Rochelle.
C’était hier :
Sur ton corps couleur d’ébène
Miroitait ton ombre noire
Tes cheveux noirs brillaient au soleil
Tes beaux yeux me fascinaient !
C’était hier :
Tu étais beauté
Tes pieds aux bracelets d’argent
Tes mains gracieuses
Me faisaient rêver.
C’était hier :
Tu étais naturelle
Dans le terroir de l’africanité
Tu étais la miraculée.
Aujourd’hui
Un vent dévastateur a soufflé :
Tu n’es que ton opposée, ta négation
Dans ta peau tachetée
De panthère humaine
Au fond du reniement
Du refus d’être ce que tu es.
Aujourd’hui
Tu es la boue de ta race
Tu es la fardée
L’entre deux races
Qui piétine le Noir et épouse l’artificiel
Qui vend le noir au cancer
Demain tu ne seras plus qu’épave
Sans race, sans origine
Sans dignité.
Demain
Tu seras l’ancienne connue
Méconnue,
Sans race.
1976
Extrait du blog http://www.lallumeurdereverbere.over-blog.com