Poème de Léon-Gontran Damas (1912-1978) pour Christiane et Alioune Diop – GUYANE (française)
Illustration: esclaves sur le pont supérieur d’un navire (vers 1900) ; Source Conrad Alberti-Sittenfeld: Die Eroberung der Erde. (La conquête de la terre). Ullstein Verlag, Berlin, Vienne, 1909, p 225
Se peut-il donc qu’ils osent
me traiter de blanchi
alors que tout en moi
aspire à n’être que nègre
autant que mon Afrique
qu’ils ont cambriolée
Blanchi
Abominable injure
qu’ils me paieront fort cher
quand mon Afrique qu’ils ont cambriolée
voudra la paix la paix rien que
la paix
Blanchi
Ma haine grossit en marge
de leur scélératesse
en marge
des coups de fusil
en marge
des coups de roulis
des négriers
des cargaisons fétides de l’esclavage cruel
Blanchi
Ma haine grossit en marge
de la culture
en marge
des théories
en marge des bavardages
dont on a cru devoir me bourrer au berceau
alors que tout en moi aspire à n’être que nègre
autant que mon Afrique qu’ils ont cambriolée
In Pigments – Névralgies
Poème extrait du site http://www.assemblee-nationale.fr