Poème d’Aïcha Mansoor (1996-) – Partenaire d’AFROpoésie – MAURICE
Illustration: Philippe de Champaigne, Vanité, 1671
Je suis ni fille ni garçon mais enfant
se mélangeant avec d’autres sans gêne
en chemise et caleçon, tous homogènes
je ris, je joue, moi enfant insouciant
lorsqu’un jour me tenant la main
dans un élan, dans la panique
on m’habille, on me dit d’être chic
car jouer dehors, c’est malsain.
…
Je suis ni fille ni garçon mais jeune
bouillonnant d’envie de tenter, de vivre
la passion et d’amour être ivre
un peu de folie, un peu de fun
vite me retient-on dans mon ardeur
vite on m’isole du monde
Moi dehors ? Plus une seconde !
il faut plus de grâce, plus de pudeur.
…
Je suis ni fille ni garçon mais adulte
débordant de rêves et d’énergie
de bâtir une maison de bonheur de magie
oui maintenant je peux, j’exulte !
attends un peu, mais quelle maison ?
celle de mon père me suffit-elle pas ?
celle de mon mari me suffira-t-elle pas ?
vivre seule, c’est de l’abandon, de la trahison.
…
Je suis ni fille ni garçon mais vieux
conscient de la vie, sa fragilité
conscient de la mort, sa réalité
je veux mes derniers jours glorieux
hélas que j’éteigne cette flamme
car on me dit d’être calme, de rester
à ses côtés comme épouse dévouée
J’avais oublié ce que c’est, d’être femme
Sublime et déchirant poème sur le traitement des femmes dans nos sociétés dites évoluées.
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