Poème d’Ismael Ayouba Kamaye (1991-) – Partenaire d’AFROpoésie – NIGER
Illustration: Edwin Long, Le marché babylonien du mariage, 1875.
I
Tout comme en automne
Où tombent les feuilles mortes des hêtres
Le temps change avec les êtres
Inquiétant d’être célibataire à la quarantaine
Élikia pense être mise en quarantaine
La vie n’a pas été avare à son égard
Elle lui a tout donné
Tout ce qu’un homme peut désirer
L’espoir comme atout
Belle femme charmante intelligente
Pilleuse maquillée d’une touche de savoir
Qui attend son temps
Le temps de Dieu qui n’est jamais loin
Au fond d’un cœur qui se rajeunit par l’espoir
Malgré les rides qui s’annoncent forts
L’espoir d’un amour, elle l’attend toujours,
II
Joseph frôle la quarantaine, célibataire
Fait de la science la quête du saint Graal
Père et mère, tous se posent des questions
Il se porte bien
L’amour n’aime pas la dualité
Sa quarantaine ne lui fait ni chaud ni froid
Mariant les bibliothèques
Le plaisir de caresser les feuilles
Ne peut pas remplacer
Le moment où on passe la bague
Au doigt d’une une femme
Pour une vie faite de douceur et de douleur
En attendant son temps voilà que vient l’hiver
Michael, se sent toujours frais
Père de deux enfants marié et divorcé
Homme qui prend la responsabilité
Et son temps à la légère, profite de la vie
Sa vie de jeune garçon n’est jamais enterrée
Elle surgit chaque jour d’outre-tombe
L’hiver c’est le temps des amours et des basculements
III
Quarante-trois printemps se sont écoulés
Chez Yasmine, combien de fois déjà
A-t-elle assisté aux mariages de ses sœurs ?
Le charme est éphémère
Un appât qui disparait avec le temps
La beauté est éternelle et se juge avec le temps
Yasmine est charmante belle et rayonnante
Comme une fleur de jasmin
Offrant son bonjour au ciel
Qui n’est pas prêt à répondre à son sourire ?
Si la beauté de son âme reflétait celle de son corps
Quel homme ne voudrait pas d’elle ?
Arrogante et insolente,
Jamais elle ne perd pas son temps
À évoquer ses diplômes au premier flirt
Celle qu’on appelait autrefois bombe
Veut vivre désormais en paix
S’inventant un monde des Bisounours
En attendant l’amour qu’elle a maintes fois rejeté
Perdue dans un féminisme aveugle
Elle milite aujourd’hui pour la cause animale
IV
Le temps est chaud c’est l’été
Dans la vie de Rocky, c’est l’austérité
Aucun plan de mariage
Pour ce quarantenaire en difficulté
Aux petits jobs aléatoires qu’il accumulait
Célibataire endurci,
Pourquoi se marier et augmenter ses soucis ?
Oh ! Quel pessimisme !
Ne pensez pas au pire en évoquant le meilleur
Quand il faut mettre la bague
Au doigt d’une femme
Tous les quatre sont des saisons qui passent
Et reviennent avec le temps
Il y a cette cinquième saison, qui figure
Dans le petit espace-temps né des transitions
Qui équilibre les saisons
Il y a un couple ; celui d’Ibrahim et Aida
Qui jouissent du bonheur qu’offre le couple
Le bonheur de la quarantaine
Malgré les secousses et imprévisions du temps
Être célibataire à la quarantaine c’est dur
Surtout quand il faut affronter le regard des autres.
2017