Poème d’Auguste Brunet (1878-1957) – LA RÉUNION (France)
Illustration: vue satellite de l’océan Indien (NASA)
Ce soir, dans l’ombre douce où s’effacent les îles,
Le craquement léger des palmes se confond
Avec le ressac bleu des molles nuits tranquilles.
Le halo de Vénus flotte en l’éther profond.
On écoute trembler l’or vague de clarines,
Tendre fièvre exaltant le limpide horizon ;
Un beau songe de perle et d’aurores marines
Hésite au bas du ciel sous les feux d’Orion,
Et sur le môle obscur où les voix des fontaines
Commentent la langueur ardente de la nuit,
Nous viendrons respirer dans les brises lointaines
Dont les mailles d’odeurs se déchirent sans bruit ;
Nous viendrons respirer les aromales flores
D’archipels devinés que tout bas nous nommons,
Tandis qu’au bord du ciel ces fragiles aurores
Convient une autre aurore à naître sur les Monts !
Exils dorés des îles, 1920