Poème d’Andy Davigny Péruzet (1981-) – Partenaire d’AFROpoésie – GUADELOUPE (France)

Je suis un grand remplacement
Je ne sais pas de quoi
Je ne sais pas de qui
Mais je remplace quelque chose
Avec cette peau qui m’abrite
Qui m’a fait ce que je dois être
Et les cheveux qui vont avec
Malgré la calvitie
Et la barbe qui va avec
Malgré les poils blancs
Et l’accent qui va sans dire
C’est un pouvoir terrifiant
D’être un grand remplacement
Une sensation étrange et peu commune
De provoquer la supériorité
Un peu bâtard, un peu sauvage,
Comme s’il fallait me donner à voir
Les délices de La_civilisation®
Et qu’il y avait tout à craindre
De l’usage que j’en ferais
C’est un privilège inouï
Que de remplacer quelque chose
Qui n’existe pas
Qui n’a jamais existé
De voler de nuage en nuage
Dans ce décor d’une triste timidité
Je suis un grand remplacement
Cela me semble inévitable
Et il me tarde d’être relayé
Remplacé à mon tour
Ça viendra un lundi
J’en ai la certitude
C’est écrit dans les étoiles
Le changement c’est lundi
Jamais le mardi
Je suis un grand remplacement
Qui commence avec Mitterrand
Ou peut-être bien avant
Sans doute bien avant
Je suis un être de chair,
De corps, de sueur, de sang
Une chimère bleue
Qui nait du regard d’un autre
Celui qui me remplace
Et qui veut qu’on le suive
Un autre que moi-même
Mythe d’âmes, de peurs et d’eaux
Une chose étonnante,
Une chose intravagante