Je suis un grand remplacement

Poème d’Andy Davigny Péruzet (1981-) – Partenaire d’AFROpoésie – GUADELOUPE (France)

Philippe de Champaigne (1602-1674), Vanité.

Je suis un grand remplacement

Je ne sais pas de quoi

Je ne sais pas de qui

Mais je remplace quelque chose

Avec cette peau qui m’abrite

Qui m’a fait ce que je dois être

Et les cheveux qui vont avec

Malgré la calvitie

Et la barbe qui va avec

Malgré les poils blancs

Et l’accent qui va sans dire

C’est un pouvoir terrifiant

D’être un grand remplacement

Une sensation étrange et peu commune

De provoquer la supériorité

Un peu bâtard, un peu sauvage,

Comme s’il fallait me donner à voir

Les délices de La_civilisation®

Et qu’il y avait tout à craindre

De l’usage que j’en ferais

C’est un privilège inouï

Que de remplacer quelque chose

Qui n’existe pas

Qui n’a jamais existé

De voler de nuage en nuage

Dans ce décor d’une triste timidité

Je suis un grand remplacement

Cela me semble inévitable

Et il me tarde d’être relayé

Remplacé à mon tour

Ça viendra un lundi

J’en ai la certitude

C’est écrit dans les étoiles

Le changement c’est lundi

Jamais le mardi

Je suis un grand remplacement

Qui commence avec Mitterrand

Ou peut-être bien avant

Sans doute bien avant

Je suis un être de chair,

De corps, de sueur, de sang

Une chimère bleue

Qui nait du regard d’un autre

Celui qui me remplace

Et qui veut qu’on le suive

Un autre que moi-même

Mythe d’âmes, de peurs et d’eaux

Une chose étonnante,

Une chose intravagante

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