Le chemin du Champborne

Poème d’Auguste Brunet (1878-1957) – LA RÉUNION (France)

Timbre de La Réunion datant de 1907.

Obscur et doux chemin du Champborne, je sais
Que les lents filaos versent leurs ombres roses
Sur la chaude poussière où se sont effacés
Les pas de mon enfance au coeur vivant des choses !

Chemin obscur et doux où les grands chars du soir,
Ployant sous les moissons de leurs cannes vermeilles,
Laissent dans l’air vibrant comme autour d’un pressoir
Un sillage odorant où grondent les abeilles…

Les jours après les jours, aux Mornes arrondis,
Depuis, se sont levés dans les aurores vaines
Et se sont éblouis des feux des durs midis,
Pour plonger à jamais au flot des mers lointaines !

Mais la mer frange encor de sa barre d’écumes
La falaise de lave où s’assied la maison
Qui regarde venir dans l’or bleui des brumes
Les grands voiliers pensifs du fond de l’horizon !

Et si l’allée est vide et si la porte est close,
Elle palpite encor de souffles et d’ardeurs
Quand les grands chars à boeufs, le long du chemin rose,
Traînent ce long vertige en des soirs pleins d’odeurs !

In Exils dorés des îles, 1920. À Jean Bourguignon.

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