Black Lives Also Matter (Poème-témoignage)

Poème-témoignage de Medjo Essam (1996-) – Partenaire d’AFROpoésie – CAMEROUN

Logo officiel du mouvement Black Lives Matter  

(5) Sous le ciel crépusculaire de ma sombre existence et la viscérale envie d’assouvir votr’ violence, je sens, je vois, je sais qu’à vos yeux, ma vie ne vaut rien.

(4) Encore un mort, encore du sang, encore des larmes tâchées de sang. Encore des cris et des douleurs et des émeutes ahurissantes. Encore des peines, des haines et des colères retentissantes, justifiées, exagérées, rugissantes de désarroi. Encore et encore une bouleversante injustice !

(3) Mon âme est un minerai d’amour et une cathédrale luxuriante de paix. Ma peau, noire et belle, est aussi fragile que la vôtre. Non ! Je ne suis pas un crachat ni une rhapsodie de créatures abominables. Je suis simplement un être pas si différent de vous.

(2) Aujourd’hui, je péris sous le poids du dédain. Les serres de l’intolérance m’asphyxient. Mon souffle, mon corps, mes rêves s’évanouissent. Je suffoque et je pleure en espérant qu’un jour prochain, le monde parviendra à mettre fin au racisme.

(1) C’est désagréable et très affligeant de vivre dans un monde où des personnes bornées considèrent encore les Noirs comme de lamentables chiures. On n’oblige pourtant personne à aimer qui que ce soit, mais il est primordial que chacun d’entre nous respecte la vie, l’identité, les droits et choix des autres. Je n’ai jamais été confronté au racisme et je prie chaque jour pour que cela n’arrive pas, car je ne sais comment je réagirais si demain on piétine ma dignité à cause du mépris pour la couleur de ma peau. J’ai grandi en m’indignant régulièrement contre des meurtres crapuleux, des procès partiaux, des remarques désobligeantes, des insultes lancées quotidiennement à des femmes et des hommes dits de couleur. J’ai grandi en croyant chaque année que la haine raciale allait enfin être éradiquée, mais je constate que j’ai laissé mon idéalisme m’aveugler.

C’est révoltant et scandaleux de voir qu’en 2020, après toutes les manifestations d’antiracistes, après l’activisme de Malcom X ou de Rosa Parks, après les écrits édifiants de Césaire, de Fanon ou de Toni Morrison, après l’apartheid, après tant d’œuvres cinématographiques et musicales qui s’insurgent contre ce mal, après tant de discours vibrants, après tant d’atrocités, après tant d’efforts pour embellir l’humanité, ce fléau, ce grand fléau sévit encore dans le monde entier.

Comment après tant de tragédies, de massacres, de génocides, l’être humain peut-il encore reprocher à son prochain, à son frère de destin, d’être celui qu’il est, une personne dont la seule faute est de ne pas lui ressembler ? Ces Afro-Américains humiliés, ces immigrés malmenés en Europe, en Asie, au Maghreb ou en plein cœur de Pretoria, ces esclaves en Libye, ces êtres déshumanisés par la négrophobie et la xénophobie, qu’ont-ils donc fait de mal ? Qui sera le prochain George Floyd, la prochaine victime de nos inactions, de nos silences véhéments ? Vous ? Moi ? Ou un autre innocent ? Que doit-on encore faire pour ne plus vivre sous une atmosphère polluée par la haine, la rancune et la colère ?

(0) Une injustice où qu’elle soit est une menace pour la justice partout. Martin Luther King.

25/05/2020

2 commentaires

  1. Oui. J’ai cette révolte également. Je suis malgré tout optimiste car personne ne sait si le racisme augmente ou si c’est le racisme qui est plus dénoncé du fait, entre autre, des images des violences policières diffusées rapidement dans le monde entier. En tout cas ne lâchons rien et gardons l’espoir donc la volonté de réduire ce fléau 😄

    Aimé par 1 personne

    • Merci beaucoup pour votre commentaire. Je suis complètement d’accord avec vous. Ce mal disparaîtra tôt ou tard. Je crois même que nous sommes à un moment crucial de l’histoire, car malgré toutes ces images révoltantes, il y a une prise de conscience qui gagne encore plus le monde. Il faut du temps pour un changement radical.

      Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire