Poème de Didier Colpin (1954-) – Partenaire d’AFROpoésie – FRANCE

Mes ancêtres ceci mes ancêtres cela
Cuisse de Jupiter voyez mes armoiries
Elles savent reluire et ce d’un noble éclat
Elles n’ont rien à voir avec ces barbaries…
Oui je suis le fils de je n’en suis pas peu fier
On m’appelle Monsieur je suis de beau lignage
Oui mon nom de famille était célèbre hier
Tous les livres d’histoire en sont le témoignage…
Mon pauvre petit mec ton miroir est brisé
Il reflète des morts sais-tu si tu respires
Vois-tu que tout ton être est volatilisé
Car c’est bien contre lui que toi même conspires…
Ne serais-tu qu’une ombre ignorant ce qu’elle est
Qui pour se définir cherche dans le fantasme
Cherche dans le passé comme un solide étai
Pour soutenir le vide avec enthousiasme…
Serais-tu fait de rien car lui ce n’est pas toi
Pourquoi donc te faut-il une telle béquille
Serais-tu le valet d’un illusoire roi
Qui viendrait t’empêcher de casser ta coquille…
Je vais parler de moi qui suis fils d’assassins
Mes dires sont réels et je n’en ai pas honte
Je vais parler de moi j’ai pour pères des Saints
Mes dires sont réels ils ne sont pas un conte…
En plus je suis ton frère en serais-tu surpris
Toute l’humanité le sang de tous les hommes
Le bien comme le mal le respect le mépris
Sont en chacun de nous voilà ce que nous sommes…
Je veux t’appréhender dans ta réalité
Je me fous de savoir qui serait ton ancêtre
Je voudrais discerner ta personnalité
Puisses-tu la chimère enfin l’envoyer paître…
Tous les fruits du passé les faits de nos parents
Dans le beau dans le laid nul n’en est responsable
Et s’ils sont par hasard toujours bien apparents
Mon regard est un souffle ils ne sont que du sable…
Dans cette Humanité qui nous prend par la main
Pour un même bonheur pour une même gêne
Notre histoire est pour tous le même parchemin
Couvert d’encre d’amour couvert d’encre de haine…
Que notre orgueil est vil que notre orgueil est vain
Ridicule est celui qui toujours ‘se la pète’
Au bout du bout du bout l’homme est fils de Caïn
Le savoir nous empêche d’avoir la grosse tête…
…/…
Je me fonds dans le temps toujours je m’y dissous
Célèbre ou non connu Villon comme Montaigne
Qui serait au-dessus qui serait au-dessous
Car nous sommes logés tous à la même enseigne…
Au pays des vivants je vais comme un mortel
Parfois je pleure un peu sur cette évanescence
Parfois je prie un peu -la terre est Son autel-
Au pays des mortels fleurit notre indécence…
De la mortalité qui nous rachètera
De ce funeste sort qui peut nous en extraire
Il faudrait un Sauveur et pas un magistrat
Pour du définitif et pas du temporaire…
Ce rêve est magnifique il mérite un Amen
Il nous fait oublier cette fosse commune
Et bien qu’il soit fragile un peu comme un hymen
Qu’il brille dans le cœur de chacun de chacune…
(ISBN : 9798654099174)