Poème de Louis Ozoux (1869-1935) – LA RÉUNION (France)

Cirque d’Enfer, que les déluges, la tempête
Ont modelé, chaos de mornes décharnés
Et d’abîme sans fond dont les flancs calcinés
Suent le soufre et Satan du pied jusques au faîte !
Cirque de Purgatoire, où les humains, les bêtes,
A l’exil, à la peur, à la faim condamnés,
Languissent, expiant le bonheur d’être nés
Sur un sol, sous un ciel aux incessantes fêtes !
Cirque de Paradis, où mon âme et mes yeux
Retrouvent un Eden, où les monts glorieux
Érigent dans l’air bleu leurs cimes immortelles !
Ô cirque, qui confonds le laid et la splendeur,
Pour toi seul, s’uniront, battant comme des ailes,
Éperdument, mon sang, mon esprit et mon cœur !