Poème de Fatou Yelly Faye (1957-) – Responsable de délégation AFROpoésie/Afrique de l’Ouest – SÉNÉGAL

Aux vaillants guerriers
Qui se battent
Dans le secret de leur souffrance
Avec abnégation nuit et jour
Au service de l’humain.
Stoïques fiers altiers
Ils mettent en couveuse leur amertume
Désillusions déceptions
Leurs vies propres
Sans tambour ni trompette
Dans la discrétion
Ils se battent courage en bandoulière
Afin de sauver chaque jour la vie
Aider soulager soutenir accompagner
Parfois sortent de leur poche
Pour parer à toute rupture
À nos vaillants combattants
Qui à travers le monde
N’ont qu’une seule devise
Soigner soulager aider
En vous je retrouve ces vertus cardinales de nos civilisations ancestrales
Ce jom
Qui vous permet de continuer à soigner sans arrêt
Même si le cœur est à genoux
Cette kersa
Qui vous lie au serment d’Hippocrate
Oui quand tout bouillonne au fond de votre être
Tout hurle dans votre for intérieur vous gardez la pudeur
Qui fait sourire
Même dans les moments où le cœur pleure
Ne pas flancher ne rien laisser paraître
De ses inquiétudes
Désirs soupçons
De ses peurs
Cette Faayda
Qui vous permet d’avancer
Même sans arme
À visage découvert
Ce Fullë
Personnalité entière qui force le respect
Ce muñ
Patience endurance dans l’effort
Cet effort soutenu sans relâche qui vous sied
À tout instant devient chez vous une exigence
Une seconde nature
Le ngor
Est l’éthique qui vous lie au serment d’Hippocrate
À nos vaillants combattants
« Aux blanches armures » comme le disait
Le Pr Poète Lamine Sine DIOP
Dans le secret de vos cabinets
Dans l’intimité de vos foyers
Toujours sur le qui-vive
L’Afrique peut maintenant mesurer le degré de vos sacrifices
Le degré de vos souffrances
Le degré de votre abnégation.
Par cette plume
Le plaidoyer est lancé
Les jeux les sports ont montré leurs limites
Assister à un spectacle
N’importe lequel passe par une bonne santé
Waw !
Ba laa nga nee naam né fa
Oui
Avant d’assister à un évènement il faut d’abord pouvoir répondre présent
Oui avoir le courage de le dire
Ce n’est ni le football ni la lutte qui développeront l’Afrique
car
Quand les masques tombent
Que seuls en première ligne
Au péril de vos vies vous luttez sans relâche
Exposant vos proches en toute impuissance
Afin de booster hors du monde
Cette pandémie
Vous équiper est non seulement un devoir
Mais surtout une exigence
Vous assister un impératif
Vous écouter une obligation
Àfrik !
Sikkim da fa lakkandoo
Te bu sikkim lakkandoo ku ne sa bos ngay fay.
Afrique !
Les barbes ont simultanément pris feu
Et chacun s’occupe d’éteindre sa propre barbe
Il est temps que l’on vous donne le respect du à votre rang
Vous aidez à aider
Aidez à soigner
Vous aidez à faire face
Avec dignité
Face au monde
Blouses blanches au front
Que l’absence d’effectif
L’insuffisance des moyens ne rebutent pas
Il est l’heure
De resserrer les coudes
Solidarité compassion affection entraide
Estime de son prochain de son propre corps.
Il est plus que temps
D’être encore plus solidaire entre vous
Faire table rase des différences internes
Former la relève
Un seul combat
Àfrik !
Sikkim da fa lakkandoo
Te bu sikkim lakkandoo ku ne sa bos ngay fay.
Afrique !
Les barbes ont simultanément pris feu
Et chacun s’occupe d’éteindre la sienne
Face à cette lutte
Il est plus que temps d’armer nos blouses blanches
De les élever sur un piédestal
Dans ce combat sans merci
Avec nos propres armes
Solidarité compassion affection entraide unité
Estime de son prochain de son propre corps.
Quand maintenant le football se joue à huis clos
Que les arènes sont fermées
Que la lutte pleure ses géants à terre
Les stades infrastructures de dernières générations
Dans le silence de leur solitude
Recherchent désespérément le spectateur roi
Quand maintenant les conférences conseils ministériels sont téléportés
La Cicad pleure à Diamniadio ses portes closes
Il est temps pour nous de changer de paradigme
De comprendre
Priorité pour priorité
La santé est la première des priorités
Oui changer de paradigme
Faire table rase du mimétisme exacerbé
Quand la pharmacopée nous redicte les lois de l’immunité
Que le miel le citron le gingembre regarnissent nos palais
La nature reprend ses droits
La médecine traditionnelle aura toujours droit de citer en union avec ce tout
Pour relever et chercher des solutions.
S’adosser à ses propres repères est notre seule chance de survivre.
Àfrik !
Sikkim da fa lakkandoo
Te bu sikkim lakkandoo ku ne sa bos ngay fay.
Afrique !
Les barbes ont simultanément pris feu
Et chacun s’occupe d’éteindre la sienne
De la Chine à la France
Des Etats-Unis à l’Angleterre
Les barbes ont quasiment simultanément pris feu de toutes parts
Chacun s’occupe d’éteindre son propre feu
Car
Un peuple en bonne santé est un peuple debout
Capable de relever la tête face au défi du monde
C’est ce cri de cœur qui tend la main à notre Afrique mère
Uni pour le développement
Une nécessité
Pour bâtir ensemble notre cher continent
Avec tous les honneurs.
Tey sikkim a lakkandoo ku ne
Sa bos nga hirté fay
Aujourd’hui les barbes ont pris feu
Et chacun s’évertue à éteindre la sienne
Dakar, le 15/06/2020 à 8h35
Je dédie ce poème
Aux
Médecins Tradipraticiens
Enseignants Chercheurs
Au corps médical et para médical.
Le jom : la dignité dans l’adversité
La kersa : le refus de la honte la pudeur
La faayda : la détermination considération
Le Fullë : la fermeté
Le muñ : la dignité dans l’adversité
Le ngor : le respect de la parole donnée
Le Cicad : centre international de conférence Abdou Diouf à Diamniadio (Sénégal)
Merci Madame, pour ce texte fort et magnifique ! Merci à toutes les blouses blanches à travers le monde et particulièrement à celles d’Afrique
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Merci pour ce commentaire Madame et merci à la poétesse !
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