Poème de Mnaouar Smadah (1931-1998) – TUNISIE

Petit, je rampais sur les paroles
Enfant qui jouait du verbe et des paroles
Voix sans sens, j’étais, derrière les paroles
Et j’ai dépassé ces années trébuchantes, sur le chemin des paroles
De rêves et d’illusions, ma course derrière les paroles
Et derrière ce temps qui fuit j’ai couru pour les paroles
Je sais que j’ai été injuste envers les paroles
Et j’ai écouté les gens entendre la voix des paroles
J’ai parlé mais sans rendre service aux paroles
Ni sérieux ni ignorant celui qui plonge dans les paroles
J’ai souffert des blessures des paroles
J’ai pleuré la vie, chaudes larmes versées des yeux des paroles
Et je suis mort tant de fois pour les paroles
Ils les ont crucifiées puis les ont héritées les paroles
Car les cœurs des gens sont des tombes pour les paroles
Ils s’y réfugient pour s’en protéger et s’y perdent les paroles
Ce qu’ils ont de sens est mort et ils en sont morts pour les paroles
Marionnettes muettes ignorant la mesure des paroles
C’est un chant humain scandé par les paroles
Un chant au rythme de l’inspiration priant les paroles
Et des visions ivres se jetant sur les vallées des paroles…
Traduction réalisée par Inès Oueslati sur Huffpostmaghreb