La colombe et le passant

Poème d’Auguste Lacaussade (1815-1897) – LA RÉUNION (France)

Colombe aux yeux bleus – Catalogue of the Birds in the British Museum. Volume 21

De quel climat aimé des fleurs
Viens-tu, colombe matinale ?
D’où viennent ces douces odeurs
Que par les airs ton aile exhale ?
Quel soin t’amène dans ces lieux ?


— Mon maître Anacréon m’envoie
Vers Bathyllos aux noirs cheveux,
L’enfant, sa tendresse et sa joie,
Des cœurs tyran victorieux.

Pour un hymne à lui m’a vendue
Cypris qui prise les beaux vers ;
Et, depuis, esclave assidue,
Je l’accompagne et je le sers.
Je suis sa prompte messagère :
Tu le vois, d’une aile légère
Je porte ses lettres d’amour.
Il m’a promis, à mon retour,
La liberté ; mais qu’en ferais-je ?
Mon maître dût-il m’affranchir,
Je veux rester et le servir.
Pourquoi loin de lui m’en irais-je
Voler par les monts et les bois,
M’abriter sous de noirs feuillages
Et me nourrir de grains sauvages ?
Aujourd’hui je mange et je bois,
Ce que je mange et boit le poète :
Le pain que lui-même il émiette,
Je viens le prendre dans sa main.
Il me tend sa coupe et son vin ;
Et quand j’ai bu, tout enivrée,
Autour de sa tête inspirée
Je vole et joue en liberté,
Puis je me pose à son côté
Et sur sa lyre je sommeille.
Adieu : qu’on se hâte à présent,
Car tu m’as rendue, ô passant !
Plus bavarde que la corneille.

Les Anacréontiques, Alphonse Lemerre, éditeur, 1896, Poésies d’Auguste Lacaussade, tome 1 (p. 84-85).

https://fr.wikisource.org/

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