Poème de Firmin Tape (1991-) – Partenaire d’AFROpoésie – BÉNIN

Né dans un village, loin de la mer,
Vivant sans père ni mère,
Sans pieds ni mains,
Entouré des loups aux voix amères,
Ah! ah! ah! Veux-tu vivre ?
Voudrais-tu survivre ?
Ah! Ah! Ah!
Alors, vis, vis,
Survis, survis
Que je voie !
Que me veux-tu, sale satan ?
Que me veux-tu, diable ?
Que me veux-tu, méchant esprit ?
Que veux-tu ? Mauvais ange?
Que veux-tu? Maudit !
Ah! ah! ah! Prends bien plaisir à me qualifier de tes beaux et gros mots. Bon, il te semble !
Mon plaisir est dans la ruine !
Mon désir est de voler ta lune !
Ma gloire se trouve dans du mauvais, le négatif !
J’ai été créé pour faire du mal !
Que veux-tu que je fasse de ma nature, de mon destin meurtrier ?
Que veux-tu que je fasse de ma nuisible mission sur terre ?
Les trahir ou les assumer ? Ah! ah! ah! Je suis engagé dans le mal !
Je ne suis pas comme tes parents irresponsables qui mettent au monde un vivant et s’entretuent pour la méconnaissance de sa valeur et la non-reconnaissance d’une grossesse. Fiston, même handicapé, je peux te nuire ! Je vais rendre tes jours nuits, tout nu, tout nul.
Voilà ma raison de vivre !
Oh ! oh ! pitié ! pitié !
Bon à rien de misérable !
Vilain et malin ! oh ! Nul d’utile !
Je veux vivre, je veux survivre !
Oh ! Que veux-tu ? Fausse créature ? Va-nu-pieds !
Petit enfant sans mère, ni père,
Tes mots me démangent, me saoulent et m’énervent.
Garde ta bouche bée au détriment de ma colère ! Et d’ailleurs, avec moi, rien n’est négociable ! Je décide quoi faire à qui je veux et quand je veux. Ah ! ah!
Je suis le plus beau des enfants de mon père, le plus aimé, le plus courageux !
Non! non! Arrache-moi le souffle.
Élimine-moi des vivants. Je ne veux plus vivre ! À quoi bon d’avoir le souffle et être condamné immobile ? Sans membres de famille, ni membres pour mouvoir ?
Te laves-tu ? Te brosses-tu les dents ? Laves-tu tes vêtements ?
Oh ! Bon sang ! Que tu sens !
Ah ! ah ! Têtu, enfant têtu, tu mérites plus que la mort ! Tu mérites d’être brûlé ! ou étranglé ! Ai-je le temps à ces choses ? Vous êtes des millions sur terre ? Et je me dois de vous nuire. Ah ! ah! ah ! J’ai trop à faire chaque seconde ! D’ailleurs, cesse de perdre mes minutes, petit objet à souffle.
Moi ? Objet ? Oh! Que me veux-tu, moche ? Fais-le ? Surtout, ne me laisse pas en vie ! Tue-moi!
Alors, dis-moi ce que tu veux de mon beau corps sans armes.
Que les épines t’étranglent !
Que tu affaiblisses, succombes et tombes !
Que tu disparaisses !
Que tu trépides et que je décide !
Que tu chancelles, jubiles, t’affoles et que je te rende folle !
Que tu gémisses, aboies, cries, implores tes bons saints.
Que tu chicanes et que je te tende la cane !
Que tu t’abaisses et que je te blesse, te rabaisse ! Que tu t’annules !
Que tes rêves disparaissent autant que tes plaisirs !
Que tu penses que je sois ton roi, ton Dieu, ton sauveur, ton consolateur ?
Jamais ! jamais ! Je ne connais pas mon Dieu . Mais il n’est pas toi et ne le sera jusqu’à la fin de mes temps. Celui qui m’a créé est mon Dieu. C’est en lui que j’ai foi et croyance !
Bout de vivant, tu te trompes !
Me vois-tu puissant ?
Me vois-tu beau et élégant ?
Me vois-tu riche ?
Si tu deviens mon fils, tu auras tout ce que tu voudrais sur cette terre. Le pouvoir. La gloire et les grands succès. Ah ! ah ! ah !
Comment voudrais-tu te confier à un Dieu que tu ne vois pas et que tu ne verras jamais ?
Stop ! Arrête satan ! Quitte ma vue.
Si Dieu est Dieu, je lui demande de te fermer la bouche ici et maintenant !
Diable ! Bouche close ! Disparu!
26.11.2021. Ouagadougou.
Quelle plume ! Quelle inspiration ! Bravo !
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Merci pour lui !
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