Poème d’Auguste Lacaussade (1815-1897) – LA RÉUNION (France)

Les flèches du jour dispersent la nuit ;
Où paraît Bacchus le chagrin s’enfuit.
Dès qu’il verse en moi ses jeunes ivresses,
Soucis et regrets, tout s’évanouit :
De Crésus je crois tenir les richesses,
Je crois d’Apollon posséder la voix.
Mollement couché, le front ceint de lierre,
Je ris en mon cœur du sceptre des rois,
Je foule à mes pieds leur tristesse altière.
Libre et radieux, je chante et je bois,
Et des noirs soucis s’éloigne la troupe.
Volez aux combats, je vole à ma coupe !
Enfant, remplis-la de vin jusqu’au bord.
Il vaut mieux cent fois être ivre que mort !