Poème de Mabard Abdias (1995-) – Partenaire d’AFROpoésie – CAMEROUN

Lorsque je serai mère et vieille
Lorsque ma beauté ne t’attirera plus
Je sais que tu n’auras que faire de moi
Avant cela, songe à m’emmener devant le maire
Comme tu me l’avais promis sereinement
Au mois de mai, dans un jardin, au coucher du soleil
Je sais que tu iras te réchauffer avec une femme séduisante,
Une nouvelle conquête qui mettra ton cœur en fête
Tu me feras croire être encore amoureux de moi
En me souriant avec une tête ailleurs,
Et nous ne ferons qu’un couple défavorable.
Nous nous regarderons, assis sur la natte
Avec des yeux hypocrites et envieux
Lorsque je serai mère et veille
Lorsque ma beauté ne t’attirera plus
Tu me laisseras seule sur notre banc préféré
Sur ce banc où autrefois nous causions avec flamme
Où tu me couvrais de caresses tendres et douces
Finissant toujours par un baiser langoureux.
Tu ne cessais de dire que tu m’aimais
Alors qu’aujourd’hui, je compte le nombre de tes « je t’aime »
Tu ne te souviendras plus de ces mille et une choses
Que tu aimais chez moi et de ces petits riens
Qui faisaient battre ton cœur comme le tam-tam nuptial,
De ce plaisir qui descendait, d’une caresse douce
Entre nos jambes, s’éparpiller dans nos veines
Quand nous étions tout nus dans notre vieux lit blanc.
De fois, dans cet élan, nous passions des nuits blanches
Et comme une malédiction, je t’aimerai toujours
Plus comme hier, aujourd’hui, encore moins demain tu ne m’aimeras
Qu’importent alors toutes tes promesses ?
Moi, mon amour se fera de plus en plus fort et serein
Songe à tous ces jours de souvenirs qui s’effacent en toi
Mes souvenirs à moi sont aussi les tiens
Cette vie commune nous lie toujours
Et tu ne pourras tisser d’autres liens
Il est vrai que je serai vieille, très vieille, faiblie par l’âge
Mais toi aussi tu le seras malgré ton apparence
Plus forte, je serai chaque jour à tes côtés
Vois-tu que, moi, chaque jour je t’aime davantage
Plus comme hier, aujourd’hui tu ne m’aimes.
Et de ce cher mariage que j’attends comme un rêve,
Je veux qu’au fond de mon cœur, qu’il se réalise
J’aimerai avoir l’impression que cette illusion ne sera que brève
Pour que je savoure avec douceur cet hymen
Mais tu t’en fous de ce vœu qui m’est si cher
Gâchant ainsi ma fraîcheur et ma jeunesse
Je n’ai que faire de ta richesse si ce n’est celle de ton cœur
Pour qui je me suis réservée et laissée aller comme une folle
Ainsi, de ce passé de bonheur qui veut s’achever,
Ma mémoire ne peut oublier ses délices
Et de ce cher mariage que j’attends comme un rêve,
Je veux qu’au fond de mon cœur, qu’il se réalise.
Lorsque je serai mère et vieille
Lorsque ma beauté ne t’attirera plus
Je sais que tu n’auras que faire de moi
Avant cela, songe à m’emmener devant le maire
Comme tu me l’avais promis sereinement
Au mois de mai, dans un jardin, au coucher du soleil
Je sais que tu iras te réchauffer avec une femme séduisante,
Une nouvelle conquête qui mettra ton cœur en fête
Je veux encore être heureuse comme au jour d’antan,
Souris-moi sincèrement en branlant la tête
Parle-moi d’amour comme tu savais le faire
Je veux que tu me regardes, assis sur notre natte
Avec des yeux attendris et brillants
Emmène-moi devant le maire pour que
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Que nous soyons un couple heureux
Vivant en paix avec ses beaux enfants
Pour que ma garantie et ma place soient certaines
Sinon, je franchirai le seuil de ta maison
En effaçant pour toujours tous ces beaux moments passés ensemble.