Poème d’Andy Davigny Péruzet (1981-) – Partenaire d’AFROpoésie – GUADELOUPE (France)
Peaux noires comme hier au soir,
Nous chantons d’une douleur aiguë, méconnue
Comme longtemps, longtemps nous fûmes regardées, jaugées… Et pour dire quoi, sinon nier l’évidence ?
Peaux noires comme hier au soir, de paroles blessantes mutilées,
Nous crevons des plaies longtemps négligées
Et qui s’étendent encore par quelque regard qui fuit,
Quelque sourire qui fait semblant de sourire
Des braves gens nous ont admirées, sublimées.
De loin toujours,
Trop timorés pour avoir le cœur à nous envier
Trop avisés pour avoir la tête à nous convier aux salons de thé
Ou nous entraîner dans l’obscurité d’une chambre à coucher
Car les gens bien ne savent que trop bien les élancements, l’obscène abandon d’une prison de bistre édifiée
Trou noir irréel pour humanité désincarnée
Oui !
Nous les peaux noires comme hier au soir avons longtemps hélé 𝘈𝘯 𝘔𝘸é !* sur ces terres d’eaux aliénées
Trop longtemps nous avons enfoui la beauté profonde de la nuit
Et renoncé à l’appel de la nostalgie
*An Mwé! = « à l’aide » en créole guadeloupéen.