Poème de Malek Haddad (1927-1978) – ALGÉRIE (Kabylie)

Colombe sur le toit
Pourquoi
es-tu oiseau ?
Ma voix sera tranquille
J’aurai d’autre habitude
Il me faudra rêver
Il finira par nous venir
Ce printemps pressenti au martyr de la rose
Il finira par nous venir
Ce matin des journaux clamant sur cinq colonnes
Que les mains réunies ont beaucoup de talent
Que les prières se sont jointes
Que les morts vont en paix
Il finira par nous venir
L’étonnement craintif qui suit les requiems
Le ciel de ma patrie livré à d’autre oiseau
La joie s’allumera quand cessera la feu
La liberté de croire aux lignes de la main
Volonté des fellah nous traçant les sillons
Il finira par nous venir
Ce moment qui dira : je sens la Liberté
J’apporte aux lendemains la chaleur du passé
Ils finiront par nous venir
Ces refrains inventés là-haut sur la montagne
Il finira par être oiseau
Cet oiseau dessiné
Au grand Gâchis du ciel.
Cet amour politique au bout des certitudes
Les rides et les rues
Les barbelés sur les regards
Celui-là qui se terre
Celui-là qu’on abat
Dans les yeux de ma mère
Au cœur de la Casbah
Cet amour politique comme un baiser de femme
LE BONHEUR MES AMIS EST UNE SCIENCE EXACTE
ET NOUS AVONS RAISON.
Rescapés
Prunelles de mes yeux
Je sais :
La dernière mesure est prise sur la vie
Il nous reste tout juste
Le temps de raconter…
Rochers
Je compatis !
Erosion de l’insulte et de l’indifférence
Quant à vous que voilà orphelins des musiques
Vous le savez :
NE FRAPPEZ PAS SI FORT
JE N’HABITE PAS LÀ.
In Ecoute et je t’appelle, 1961
Poème emprunté au site Kapitalis